12 angry men, quand la vie d'un seul dépend du jugement de 12 autres

12 angry men, le film, crédit : Alpha Coder

 

Douze hommes en colère. Ou plutôt, des millions de personnes en colère, une société entière. Une société représentée par l’avocat général qui, à bien des égards, déferle tout le mépris que doit éprouver la société pour un jeune homme présumé coupable d’un parricide. Toute la fureur et la passion avec laquelle la société s’enhardit en se serrant les coudes contre un jeune homme de 18 ans encore frêle, qui vient de passer la majorité. 

 

Cette histoire, c’est celle du film 12 angry men qui décrit une réunion entre 12 jurés suite au procès d’un jeune homme pour décider de sa culpabilité ou non. Le vote coupable des 12 hommes entraînera sa mise à mort par la chaise électrique. Mais alors que tous les faits semblent concorder, un homme s’oppose à cette peine capitale. Un homme, Henri, s’oppose à la mise à mort barbare de ce jeune homme. Non pas par pitié, bien que l’on devine son ressenti à l’égard de cet adolescent, mais parce que le doute subsiste. Et lorsque le doute réside dans l’esprit des jurés, le débat s’impose. Quitte à s’éterniser. 

 

Résumé de l’affaire : 

 

Aux alentours d' une heure du matin, un voisin situé en dessous de l’appartement du jeune homme, entend ce dernier se battre avec son père. Le jeune garçon lui aurait crié “je vais te tuer” avant qu’un bruit sourd de cadavre retentisse une seconde plus tard. Effrayé, le voisin monte à toute vitesse et affirme avoir creusé le jeune homme partir en courant des escaliers. 

 

Une jeune femme habitant dans l’appartement d’en face affirme avoir vu le jeune homme frapper son père. à travers les vitres du métro qui passait.

 

Ce dernier assura pour sa défense avoir été au cinéma entre 23 heures et 3 heures du matin. Malheureusement, quand il rentra et qu’il exposa cet alibi aux agents, il ne fût pas capable de citer le nom du film/ des acteurs. 

 

Les jurés :

 

12 hommes pénètrent dans une salle après que les faits aient été distillés par le juge, et adroitement repris par l’avocat général. 

 

Il n’y a point de doute à avoir, l’alibi du jeune garçon ne peut tenir s’il était incapable de se souvenir du film qu’il a vu. Un premier vote est donc effectué parmi les jurés, et un seul homme s’oppose à cette peine de mort. Il exprime ses doutes sur certains points. 

 

Très vite raillé par ses compères, il n’en démord pas et continue d’exprimer en surface les inquiétudes qu’il a vis-à-vis de certains points non éclaircis par l’avocat général. 

 

L’arme du crime ayant été utilisée par le meurtrier est qualifiée de rarissime par un vendeur d’armes, qui dit n’en avoir jamais vu de sa vie. Or, le jeune homme a été aperçu achetant cette arme durant l’après-midi, ce qui vient faire concorder les preuves avec sa prétendue culpabilité. 

 

Quand soudain, retournement de situation. Henri, seul homme à s’opposer à la mort du garçon, dégaine de sa poche un couteau identique et le plante sur la table. Ce même couteau, prétendu comme étant rarissime, a été acheté pour quelques dollars par Henri chez un prêteur à gage à côté de l’habitation de l’adolescent. 

 

Les jurés rouspètent et s’agacent : ce doit être une coïncidence pas plus; ce gamin est coupable c’est sûr ! Toutes les preuves sont là ! 


Henri cesse de se battre et propose un vote secret sans lui. Si tout le monde vote coupable alors il se pliera à la décision, si un seul non-coupable se glisse dans le résultat, alors ils continueront à se battre pour le doute qui persiste. 

 

Le président des jurés dévoile le vote : 10 coupables, 1 non-coupable. Henri sourit, les autres jurés s’emportent et traitent d’inconscient quiconque ne croit pas en la culpabilité du gamin. 

 

Henri reprend la parole en évoquant cette fois-ci le témoin auditif de la scène : le vieux d’en-dessous. Il s’attarde alors sur sa vie, en évoquant sa solitude quotidienne, son absence d’importance concrète dans la société : et si ce moment aurait pu lui permettre de briller un peu ? Et si pour une fois quelqu’un lui accordait de l’importance ? Henri va même plus loin dans l’hypothèse : il s’est persuadé d’avoir entendu cela et d’avoir vu le gamin dévaler les escaliers par la suite, simplement pour pouvoir se sentir important une fois dans sa vie. 

 

Il ajoute également que le petit a certes pû prononcer la phrase “je vais te tuer” à son père, mais cela après avoir été encore une fois battu au visage. Qui n’a jamais prononcé une telle phrase sous le coup de la colère ? D’autant plus que la violence faisant partie de son quotidien, il en est arrivé à un point de banalisation où les mots comme ceux-ci n’ont plus la même importance qu’avant. 

 

De plus, le vieux monsieur évoqué au-dessus s’est avancé à la barre pour témoigner en avançant péniblement la jambe, comme s’il voulait cacher une jambe ankylosée, par honte du regard des autres. Henri s’empare d’un chronomètre et reconstitue la scène sous le regard hébété et embêté des autres protagonistes. Alors que le monsieur prétendait avoir mis 15 secondes à monter les escaliers, Henri reconstitue la scène avec une jambe ankylosée… Bingo, 41 secondes, le témoignage du vieux monsieur tombe à l’eau !

 

Lee, homme le plus énervé par la situation, commence à s’emporter gravement contre Henri. La tension monte, si bien que Lee tente de s’élancer sur Henri en criant “je vais te tuer !”. Ce à quoi Henri lui répond, “en as-tu vraiment l’intention ?” Comme Lee le clamait pour le jeune garçon accusé de meurtre. 

 

Lee, sidéré, retourne s’asseoir tandis que le président des jurés demande un nouveau vote : 4 voix non coupables, et 8 coupables. Henri commence à faire retourner les vestes des jurés.

 

Henri s’empresse de rebondir sur l’alibi du jeune garçon en posant une question à l’un des jurés croyant le garçon coupable : 

 

  • Où étais-tu mercredi ? 
  • Au cinéma 
  • Quel film passaient-ils en première partie ? 
  • Euuuuhhh.. Madame Bridgetown, il me semble, quelque chose comme ça. Ah voilà, l’incroyable Madame Bridgetown ! 

 

Un des jurés intervient : le film s’intitule l’extravagante Madame Bridgetown. 

 

Henri reprend la parole en démontrant ainsi qu’il est possible que le garçon ait oublié le nom du film, sachant qu’il a très bien su le réciter par la suite au procès. S’il avait oublié sur l’instant où il fût interrogé par les policiers, c’est sans aucun doute car son père était allongé devant lui, gisant, les yeux tournés vers le ciel : l’émotion fait tout oublier. 

 

Lee, furieux rebondit en insistant sur le fait que la dame a vu le couteau être planté par le fils : c’est la preuve indéniable que le fils est coupable !!

 

Un des jurés se lève, resserre sa cravate, et commence à expliquer que dans sa jeunesse, résidant dans un quartier chaud, il apercevait souvent des batailles au couteau. Lors d’une bataille au couteau, les protagonistes le sortent directement de leur poche, et plantent tout droit vers l’avant, ils ne prennent pas le temps de le changer de position dans leur main pour pouvoir asséner un coup de haut en bas. 

 

Or, le fils fait un mètre 60 et quelques, tandis que le père fait plus d’un mètre 80. En clair, le fils n’aurait pas pû planter son père de haut en bas car il avait l’habitude de manier des couteaux et donc aurait procédé comme dans un combat de rue, en plantant tout droit. Ainsi, le fils ne peut pas avoir planté le père. 

 

Lee s’exaspère “Ecoutez moi messieurs…”

 

Henri : “Je vous ai écouté, maintenant asseyez vous, et n’ouvrez plus la bouche”. 

 

Henri reprend le témoignage du juré précédent en ajoutant un détail marquant. La femme avait des marques de lunette lors du procès, synonyme que sa vue est trouble. Or, lors de l'attaque, elle affirme avoir vu la scène du crime depuis son lit alors qu’elle cherchait à dormir : mais personne ne dort avec des lunettes, elle n’a donc rien pu apercevoir. 

 

Le président des jurés refait un vote après cette séquence épique : 11 votes non coupables, 1 vote coupable. Lee est bien seul dans son désarroi. 

 

Il s’emporte, et soudain, submergé par ses émotions, ouvre son portefeuille avec une photo de son fils, la déchire, et s’écroule sur la table. Il geint :” non coupable” entre deux sanglots. On comprend alors en remontant dans une scène du début du film, que Lee s’était approprié le procès dans sa relation avec son fils. En effet au début du film il disait avoir élevé son fils comme un homme jusqu'à ce que ce dernier lui mette un coup de poingt avant de partir sans laisser de nouvelles pendant 2 ans. 

 

Lee en voulait au jeune homme, car il en voulait, avant tout, à son fils. 

 

Le film se clôture sur cette magnifique scène dans laquelle ils quittent tous le palais de justice les mains dans les poches, après avoir passé des heures à délibérer du sort d’un jeune garçon, vraisemblablement innocent.

 

Mais derrière ce film se cache en réalité une analyse plus poussée, une psychologie de la société qui mérite évidemment d'être explorée dans une seconde partie...

 

Eliot Senegas et Emma Malvaso

Évaluation: 5 étoiles
3 votes