Des nouvelles du Québec libre

 

       

Mes chers amis Canadien, veuillez tous faire une minute de silence pour vos francophones. Cependant, le silence n’est pas au goût de tout le monde. Le 19 novembre 2023 Marc-Antoine Dequoy, joueur professionnel de Football Canadien chez les Alouettes de Montréal, après avoir gagné la ligue de football Canadien déclare en criant haut et fort à la télévision : “Ils n’ont jamais cru en nous ! Tu regardes partout c’est écrit en anglais ! [...] Mais tu sais quoi man ? Gardez-le votre anglais ! [...] Cette coupe, on va la ramener au Québec ! On va la ramener chez nous !” Le chant du coq s’est fait entendre de partout mais résonne surtout chez les Québécois et leur cousins Français relayant l’information. 

 

    Marc-Antoine Dequoy tire la sonnette d’alarme sur la place de la langue Française au sein de la nation Canadienne qui est sur le papier bilingue. Les propos du joueur professionnel sont soutenus par le ministre québécois de la langue française Jean-François Roberge : “[...]Il faut respecter les Québécois, il faut respecter la langue française. Le joueur Québécois, monsieur Dequoy, a bien fait de s’exprimer comme il l’a fait, et de dénoncer ce qui devait être dénoncé.” Ce même ministre qui a d’ailleurs déposé une motion pour le respect de la langue française dans les ligues sportives.

 

   Il me semble alors important de faire une rétrospective du Québec et de la langue française au Canada pour bien comprendre les enjeux de la situation de la langue française dans ce pays aujourd'hui.



1/ 260 ans de français en territoire Anglais



    Avant que les britanniques ne prennent possession de l’Amérique du Nord, le Québec était simplement connu sous le nom de Canada et se présentait comme la colonie la plus puissante de la Nouvelle-France, territoires coloniaux Français d’Amérique. Cependant suite à la défaite de la France dans la guerre de Sept Ans en 1763 le contrôle des territoires Nouvelle-France est transféré aux Anglais. Suite à ce transfert le Québec prendra plusieurs noms au fil des années jusqu’en 1867 où le Québec sera uni avec le reste des conquêtes anglaises pour former le Dominion du Canada.  Faisant du Québec une province fondatrice du Canada que nous connaissons.

    Il est important de souligner que le fonctionnement politique du Canada est très particulier. Le pays est officiellement une monarchie constitutionnelle basée sur le système fédéral. Le pays est donc doté d’un roi (celui du Royaume-Uni), d'une gouverneure générale (représentante du roi au Canada), d’un Premier ministre et d’un parlement. Le système fédéral donne donc aussi au Québec un premier ministre ainsi qu’un ministère restant sous l’autorité du gouvernement Canadien. Ce qui a son importance pour la suite.  

 

    En 1960, dans un processus de rattrapage économique sur le reste du pays, s'opère ce qui est maintenant appelé: “La Révolution Tranquille”. Ce terme provient premièrement du grand bond industriel au Québec couplé à l’amélioration de la qualité de vie des Québécois. Et dans un second temps, s’opère l’émergence des mouvements souverainistes québécois et des mouvements indépendantistes. Les québécois étaient déjà très conservateur, mais cette volonté de protection nationale va largement s’amplifier durant les années à suivre. Menant à un changement historique dans l’histoire du Canada.

  

    En 1969 le premier ministre Canadien Pierre Elliott Trudeau et le gouvernement Canadien adoptent la “Loi sur les Langues Officielles” et par conséquent font du Canada un pays bilingue anglo-français pour la première fois de son histoire. Cependant cette loi n’est qu’un joli rideau. Trudeau n’a en réalité aucune intention de donner des droits collectifs aux francophones car le Français est une langue très minoritaire dans la bureaucratie canadienne et même dans le Canada. La loi de 1969 n’est donc pas totalement satisfaisante. 

 

    En “réponse” à cette jolie coquille vide le Québec adopte en 1977 la “Charte de la langue Française” ou appelé communément la loi 101. Cette loi est très certainement une des lois les plus importantes de l'État car elle promeut la langue française comme la langue officielle du Québec. Faisant du Québec le seul état du monde à parler officiellement le Français dans un pays Anglophone. Cette charte est extrêmement mal vue par la communauté anglophone Canadienne, notamment par Pierre Elliott Trudeau toujours aux reines du pays.

 

    Enfin, en 1988 est adoptée une nouvelle loi sur le multiculturalisme au Canada venant compléter la loi sur les Langues Officielles. Désormais le Français devra être respecté par tout le pays. L’hymne devra être chanté dans les deux langues, les évènements nationaux devront être organisés dans les deux langues. En somme une loi qui doit élever le français au même niveau de respect que celui de l’anglais.

 

    Mais est-ce que ces mises en œuvres sont-elles bien respectées ? Où en est la langue française au milieu de l’océan anglophone canadien ?



2/ La Dictature Tranquille de la langue Anglaise 



    Comme nous venons de le voir. La communauté francophone québécoise s’est longtemps battu pour pouvoir obtenir une reconnaissance de leur existence en tant que communauté linguistique importante au niveau national. Mais après la loi sur le multiculturalisme, le respect est-il toujours d’actualité ? 

 

    Jetons un œil au niveau national pour commencer. Dans son article pour le journal québécois La Presse, Maxime Pedneaud-Jobin relève et souligne un très faible taux de francophones courant hors du Québec, près de 532 000 sur 30 millions. Chiffre qui paraît plutôt timide comparé aux plus de 861 000 locuteurs chinois dans le pays. En enlevant le Québec, le Français n’est même pas majoritaire dans un pays l’ayant comme langue officielle ce qui commence à inquiéter les francophones. En comptant le Québec, le français comme première langue officielle parlée est passé de 22,2 % en 2016 à 21,4 % en 2021, tandis que l’anglais a connu une progression de 0,7%.

    

    La situation est tout autant préoccupante au Québec lui-même. La proportion des résidents du Québec dont le français est la langue maternelle a ainsi chuté, passant de 77,1% à 74,8% en cinq ans. Ceux qui parlent principalement français à la maison sont de leur côté passés de 79% en 2016 à 77,5% en 2021. Et la proportion de personnes qui l’utilisent comme première langue officielle parlée est un indicateur qui permet de mesurer la place du français dans l’espace public, qui a quant à elle diminué, s’établissant à 82,2 % en 2021 alors qu’elle était de 83,7 % en 2016. On comprend donc que les Québécois deviennent plus bilingues Anglais-Français que le reste des Canadiens, témoignant d’un effacement progressif de la langue.

 

    Certains Québécois s’inquiètent et témoignent du traitement indigne du français au Canada. Mathieu Bock-Côté s’exprime sur QUB radio sur ce phénomène : “Le français est vu comme la langue de trop [...] Les francophones doivent s’effacer (linguistiquement) pour réussir.” Tragiquement, le français n’est plus parlé dans les aéroports alors qu’il le devrait. Il n’est plus parlé dans les compétitions sportives alors qu’il le devrait. Le français est vu comme un véritable poids aux yeux des Canadiens non-francophones.  Pour souligner cet effacement volontaire pour la réussite, l’exemple de François-Philippe Champagne, un ministre fédéral, est souvent utilisé. Ce ministre lors de ses excursions hors Québec récite ses discours en anglais alors qu’il pourrait très bien parler français. Maxime Pedneaud-Jobin écrit :  “Il fait comme les fonctionnaires fédéraux qui ont de l’ambition [...] Il fait comme les entreprises qui veulent des clients satisfaits, il leur parle dans leur langue.”



    Comme nous avons pu le voir, après des siècles de conservatisme et de chérissement de sa langue ainsi que de sa culture. Le Québec tend de plus en plus vers un intégration linguistique au reste du Canada ce qui inquiète de nombreux spécialistes ainsi que le gouvernement Québécois mais aussi les sportifs. La situation québécoise n’est pas un cas isolé. De nombreux pays à travers le monde font face à un parasitage de langues étrangères comme pour le chinois qui a développé le “Chinglish”, mélange entre anglais et chinois. Cela tend donc à parler du multilinguisme, et à se demander si l’humanité se dirige vers une langue unique parlée par tous ou vers la destruction des diversités linguistiques.

 

Côme Jacquinet 

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