Est-on prêt à l’impossible pour survivre? : Le cercle des neiges

Crédit : Netflix, tous droits réservés

 

13 octobre 1972, l’avion 571 Fuerza Aera Uruguay tombe du ciel et disparaît. 45 passagers  s’écrasent au milieu des Andes, dans le désert glacial sud américain où pas un seul signe de vie est  présent à part des vastes kilomètres de neige. Quelques-uns d’entre eux survivent miraculeusement  au choc du crash.  

 

Survivre à cet accident mais pour devoir encore survivre, et au plus pire: ils devront tout faire pour  rester en vie pendant plus de deux mois, dans l’atrocité du froid le plus algide et dans la résilience  des conditions les plus inimaginables, où chaque jour qui passe sera une lutte des plus rudes pour ne  pas se laisser vaincre par ce destin sanglant.  

 

Le long métrage Le cercle des neiges sorti en décembre dernier réalisé par Juan Antonio Bayona et  produit par Netflix, traite de cette histoire vraie fascinante. Ce film dresse une vraie analyse  anthropologique car il nous montre ce que l’homme est prêt à faire pour maintenir sa survie: tout,  même l’impensable.  

 

Parmi les 45 passagers, 16 survivent et seront sauvés après des jours et des nuits cauchemardesques.  La faiblesse du corps sans nourriture asséché par le froid se fait ressentir de plus en plus au fur et à  mesure des jours qui passent. Autour de soi, l’on est plus entourés de cadavres que d’âmes vivantes,  et parmi ces cadavres, les corps méconnaissables d’amis proches avec lesquels ont avait envisagés  tant de projets, car la plupart des passagers n’avaient que 20 ans, l’âge du rêve et de l’ambition. Mais l’espoir, même après toute cette abjection, ne disparaît pas. Ils décident de résister. La conviction de rester en vie même quand tout est fait pour se condamner au contraire, est-ce  cela la  définition même de l’instinct de survie? 

 

Continuer à y croire même après avoir appris par une radio qu’ils ont réussi à faire fonctionner, que les recherches allaient être interrompues, . Se sentir abandonnés, trahis, oubliés, mais continuer à y  croire pour survivre, être patient, car un jour, c’est certain, ils seront sauvés.  

 

Continuer même lorsqu’on croit que le pire est arrivé, mais en réalité le pire n’a pas de fin. Le  malheur ne vient jamais seul: l’espoir des rescapés sera giflé par une violente avalanche qui les ensevelira pendant plusieurs jours dans un étroit congèle naturel. Certains d’entre eux y perdront la  vie. 

 

La nuit, il faut rester éveillé car sinon le corps gèlera. Les rescapés se servent de la carcasse de  l’avion pour en faire un abri, un semblant d’habitat, afin de les protéger du froid. Ils s’entassent  comme ils le peuvent entre les corps vivants mais aussi les défunts pour se tenir chaud. Ils vident  désespérément les valises afin de trouver la moindre parcelle de nourriture. Mais ces stocks infimes  s’épuisent rapidement. Après avoir essayé d’ingurgiter du dentifrice et des cigarettes, ils sont obligés  de devoir envisager l’impensable.

 

Les corps des défunts deviennent leur seule source  d’alimentation. Ils n’ont plus de choix, ils doivent se tourner vers l’inconcevable, mais inévitable  tabou anthropologique, le cannibalisme. Certains y renoncent au début. Ils se demandent si faire  cela n’est pas illégal ou irréligieux. Mais la survie prend le dessus de tout principe et de toute  morale.  

 

Un survivant s’exprimera plus tard sur cela, il dira « on ne peut pas se sentir coupable d’avoir fait  quelque chose que l’on n’a pas choisi de faire » 

 

Le film ne rend pas seulement hommage aux survivants héroïques, les morts ont aussi une  importance cruellement cruciale dans cette histoire. Les 16 survivants n’auraient pas pu continuer à  vivre sans les corps des défunts qui sont devenus leur seule source d’alimentation. 

 

Il y a une scène forte où les survivants donnent, un à un, leurs consentements pour utiliser leurs corps  si jamais ils ne réussissent pas à survivre, mettant en avant l’aspect sacrificiel et solidaire qui demeure  entre les rescapés. En effet, une grande partie des passagers étaient des joueurs d’une équipe de  Rugby. L’esprit collectif et la cohésion sportive seront présents jusqu’au bout, au point de s’offrir  leurs propres corps, la seule chose qui leur reste, comme dernière passe pour laisser leurs  coéquipiers gagner: continuer à survivre. 

 

Le temps s’écoule. Voilà déjà deux mois d’enfer et de résilience. La patience prend fin. Deux  d’entre eux décident d’arrêter d’attendre et de prendre le risque de se sauver. Ils envisagent  d’escalader la montagne avec l’espoir de trouver de l’autre côté du secours. Ils partent le 12  décembre 1972. Le 20 décembre, ils tombent nez à nez sur un muletier chilien. Être là au bon  moment au bon endroit prend tout son sens. C’est la fin. Après 72 jours de survie, ils sont sauvés. 

 

Ils se sont sauvés. Ils n'ont pas été trouvés, ils ont trouvés. Leur risque a payé. L’espoir a gagné.  « Le miracle des Andes » fait le tour de la presse mondiale. Le monde est émerveillé par ce retour  miraculeux.  

 

Bien qu’ils aient quitté les Andes en se sauvant, une partie d’eux restera à jamais imprégnée dans  la neige de ce désert glacial. 

 

Emma Malvaso

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