Gratuité des produits hygiéniques : un pas de plus vers l’égalité homme-femme ?

 

 

L’importance de l’accessibilité des produits menstruels :

 

Saviez vous qu’au cours de sa vie, une femme utilise en moyenne 10 000 à 15 000 produits menstruels? A l'échelle mondiale, cela représente une consommation de 1447 serviettes hygiéniques chaque seconde, soit environ 45 milliards par an.

 

La question de l’égalité d’accès aux produits menstruels est aujourd’hui un enjeu crucial dans notre société. Les besoins des femmes en la matière ont souvent été ignorés et stigmatisés, ce qui a entraîné d’importantes inégalités sociales et économiques entre les hommes et les femmes. Rendre gratuit ces produits pour toutes serait donc nécessaire puisque cela constituerait une étape indispensable vers la reconnaissance et la garantie des droits de la Femme.

 

En 2021, Frédéric Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, déclarait: « La précarité menstruelle est un enjeu collectif et une véritable question de dignité, de solidarité et de santé. Il est inacceptable qu'en 2021 on doive choisir entre se nourrir et pouvoir se protéger ». Par ces mots, ce dernier insiste donc sur l’importance de rendre gratuit ces produits qui sont un véritable besoin pour les femmes afin de pouvoir garantir une égalité économique, sociale, et plus que tout, une égalité de dignité entre les hommes et les femmes.

 

De plus, nous savons que le prix élevé des produits menstruels constitue un obstacle financier important pour de nombreuses femmes issues principalement de milieux défavorisés. En effet, environ 1,7 million de femmes en France n'ont pas accès à des protections hygiéniques de manière régulière et plus de 13% des femmes déclarent avoir déjà dû choisir entre acheter des protections hygiéniques ou des produits de première nécessité par faute de moyens. Nous savons qu’une femme ayant eu ses règles pendant 39 ans en moyenne, dépensera près de 10 euros par mois (soit près de 4680 euros dans une vie) dans des protections, anti-douleurs, visites chez le gynécologue ainsi que pour des dépenses accrues dans les sous-vêtements et le linge selon Le Monde Ce total élevé représente un coût supplémentaire non négligeable dans la vie d’une femme, lequel est préjudiciable pour plus de 1,5 millions de femmes en France selon la même enquête

 

Ainsi, la santé des femmes est affectée sur le plan physique, avec des migraines, des courbatures et douleurs musculaires. Leur santé mentale est également touchée : 10% des femmes présentent des symptômes de dépression et 80% d’entre elles déclarent que leurs menstruations les fatiguent. En clair, tout cela contribue à impacter grandement leur capacité à participer et à s'intégrer pleinement à la vie sociétale. Par conséquent, le libre accès à ces produits est donc essentiel pour que toutes les femmes puissent enfin vivre leur vie comme bon leur semble sans avoir à affronter des obstacles financiers importants.

 

Il faut également souligner que d’autres types d’inégalités économiques viennent s’ajouter à celles déjà présentes, notamment dans le monde du travail. Les femmes, déjà défavorisées économiquement par rapport aux hommes, le sont encore plus. Notons que les menstruations peuvent être très douloureuses, les femmes doivent donc parfois prendre des jours de repos sur leurs jours de congés habituels, ce qui peut donc provoquer des inégalités salariales importantes entre les hommes et les femmes. En effet, en moyenne, les femmes gagnent 24 % de moins que les hommes et à temps de travail équivalent, elles touchent 15 % de moins que les hommes. Même si la socialisation genrée explique en majorité cette inégalité, l’écart de salaire défavorable aux femmes subit en plus un coût supplémentaire.

 

Enfin, considérer la menstruation comme un « tabou » a perpétué la transmission de norme sociale négative et a participer à restreindre la liberté d'expression des femmes en matière de santé « reproductive » qui est encore bien ancrée dans notre société car aujourd’hui 20 % des hommes et 14 % des femmes, à l'échelle mondiale croient qu'il est malvenu ou inacceptable qu'une femme travaille hors du foyer. En fournissant gratuitement des produits sanitaires, la société envoie un signal important de normalisation et de respect envers les expériences corporelles des femmes, brisant ainsi les normes sociales et contribuant à favoriser un dialogue constructif avec elles. 

 

Ainsi, le caractère « naturel » des menstruations est perçu comme une injustice à laquelle elles sont soumises et représente une sorte de fatalité dans laquelle ces inégalités sont vouées à perpétuer l’image de la femme soumise à la société et non libre de ses actions.

 

Les mesures mises en place :

 

Pour lutter contre les inégalités entre les sexes, de nombreux pays ont mis en place des politiques visant à fournir des produits menstruels gratuits pour les femmes. L’Ecosse par exemple a récemment adopté une mesure visant à fournir des produits sanitaires gratuits dans les écoles et les lieux publics, impactant positivement l’inclusion sociale des femmes dans le pays. 

 

Le Kenya est également un pionnier dans ce domaine où les produits menstruels ont été détaxés en 2004 (seul le Canada l'a fait en 2015) et fournit aussi des serviettes hygiéniques aux étudiants depuis 2017. 

 

Enfin en France les choses commencent, elles aussi à bouger car les protections périodiques réutilisables vont être prises en charge par la Sécurité sociale pour les moins de 25 ans à partir de 2024, a annoncé la première ministre, Elisabeth Borne en plus de la levé de plus de 5 millions d’euros pour lutter contre la précarité menstruelle.

 

Même si cela peut paraître insuffisant, ces politiques démontrent la prise de conscience croissante dans notre société de l'importance de la santé menstruelle et de la nécessité de garantir l'égalité des chances intersexe ( ce combat n’est pas forcément intimement lié aux menstruations), sans distinction entre les sexes. « Quand on regarde à l’étranger, on se rend compte que c’est à l’œuvre dans pas mal de pays », souligne Élise Brunot, chargée de projet pour le fil rouge, association dédiée aux droit de la Femme.

 

Pour finir, rendre gratuits les produits hygiéniques pour toutes dans le monde changerait la donne dans notre société et contribuerait à créer un environnement plus inclusif et plus respectueux pour les femmes d’aujourd’hui en éliminant les obstacles financiers en normalisant les conversations sur ce sujet et serait une étape importante vers l’égalité des sexes. Il est donc essentiel que les politiques prévoient le libre accès à ces produits pour garantir le bien-être et la dignité de toutes les femmes dans la société.

 

Maxence Fontana 

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