L'écriture, l'art et l'exutoire

 

Aaron Burden, Unsplash

 

Cher journal, 

Je dois écrire sur le fait d’écrire. Mais je ne sais par où commencer. 

Pourquoi veut-on écrire ? Est-ce vraiment quelque chose que l’on choisit ou cela s’impose-t-il à nous ? Pourquoi certains choisissent les vers alors que d’autres la prose ? Comment écrire permet de se sentir mieux, de se sentir bien ? 

 

Dix bonnes raisons de te larguer, dix choses que je déteste à propos de toi… et neuf bonnes raisons d’écrire ? 

 

Ecrire à un autre, qui n’existe pas et qui pourtant ne nous quitte pas 

 

Fidèle journal, c’est à toi que je m’adresse. J’adore LOL et je pense que c’est parce que je me vois un peu comme Lola. Personne ne sait vraiment que tu existes, alors je peux te raconter mes journées comme je le veux.  Celles où tout est rose, et celles où je ne sais plus quoi penser. 

Je pense que beaucoup commencent comme ça, sans vraiment réfléchir à pourquoi ils le font. Mais ils savent qu’ils en ont envie, en ont besoin, de poser ces mots quelque part.  

 

Ecrire partout, tout le temps ? 

 

On commence, ça plaît, et on réalise que ça ne pourrait plus être autrement. Le vase déborde, et je te choisis pour déposer mes mots plutôt que de les crier. 

Tout défaut que puisse avoir le numérique, il a cet avantage de n’être jamais très loin. Un téléphone dans la main, un ordinateur dans un sac, il est facile de prendre une page blanche et de commencer à écrire. 

 

Ecrire sans lettres manuscrites, les mêmes bienfaits ?

 

Il y a deux écoles. L’ancienne, qui tu te doutes privilégiera toujours la simplicité d’un papier et d’un crayon. Et qui d’un point de vue scientifique, a l’air bien partie pour ne pas se tromper, mais on y revient plus tard. Et la nouvelle, qui vit pleinement avec son temps, et qui met en lumière la facilité de pouvoir écrire au kilomètre, puis réfléchir à quoi garder comme l’a permis l’appareil photo numérique. 

Journalistes, écrivains ou simples amateurs, reconnaissons que le fait de pouvoir faire marche arrière sans tout supprimer est un avantage sans comparaison.  

 

Ecrire pour être lu

 

Prendre sa plume pour dénoncer, pour dire ou pour raconter sont des fonctions bien propres à chaque type d’écrit. Sans qu’il n’y en ait des mieux que d’autres, il y en a qui nous ressemblent plus. Au moins pour un temps. On commence à écrire pour une raison, et on finit par diversifier, voire par changer. On lit un article, un roman qui nous plaît, et on se dit, « pourquoi l’auteur de cet écrit ne serait pas moi ? »

 

Ecrire pour soi 

 

Si la publication est une étape qui en fait rêver plus d’un, l’écriture est avant tout, je pense, une activité que l’on fait pour soi. Christophe André en vient même à la classer avec la méditation. Heureusement surprise de voir qu’il n’est pas si difficile de mettre de la distance avec ce qui nous entoure. Le plus dur est finalement d’accepter que le processus est silencieux et lent. 

Dans une ère où le développement personnel et le self care sont en plein essor, il existe de nombreux journaux qui ne demandent que quelques minutes par jour. Leurs bénéfices apparaissent avec le temps. Questions simples qui pour autant font réfléchir sur l’essentiel, la pensée se modifie et devient plus optimiste. Une fois la journée mise en perspective, le lendemain est plus facile à appréhender. 

 

Ecrire pour mieux dormir 

 

Beaucoup consacrent quelques instants de leur soirée à cette activité. Et quitte à se consacrer un moment, autant tenter d’en tirer le plus de bénéfices. Il est alors également conseillé de réfléchir au moins grossièrement à la journée suivante. Le fait de poser les choses qui nous attendent permet au cerveau de se préparer à ce qu’il va rencontrer, et à être plus disponible pour les évènements imprévus. 

 

Ecrire pour aller mieux 

 

Il n’existe pas de remède miracle contre l’anxiété, la dépression ni le cancer. Mais l’écriture a son rôle à jouer, oui encore. Le corps, cette machine chimique bien pensée fonctionne toujours par mouvements. En faisant du bien à sa tête, l’esprit peut désormais penser à autre chose qu’à la douleur. Comme par effet domino, le cœur peut alors se calmer et le souffle s’apaiser. La situation pénible semble l’être un peu moins, et lorsqu’un traitement existe le corps a alors d’autant plus de facilité à l’accepter. 

 

Ecrire pour ceux qui préfèrent les mots au dessin

 

L’art thérapie souvent connue avec les mandalas englobe bien d’autres pratiques dont l’écriture ! Des psychologues spécialisés dans cette branche permettent à ceux qui veulent se confronter à leur inconscient d’écrire, et ensuite de regarder ensemble ce qui en sort. 

Imaginons une femme, victime d’inceste par son père. Enfance atroce mais elle décide tout de même de pardonner à son parent. Enfin, c’est ce qu’elle pense. En lui écrivant une lettre, une graphothérapeute remarque la présence répétée de la lettre p, comme père, associée à des mots comme peur, trop, prix à payer, trompe, persiste…. L’amour d’un enfant pour un parent ne suffit pas toujours à compenser le mal qui a été fait.  

Il existe mille techniques dans cette nouvelle façon de mieux se comprendre comme l’analyse de la place des mots sur la feuille, ou bien le fait d’écrire de sa main opposée. Si les mots lors d’une dispute dépassent la pensée et qu’ils sont exagérés, il semble utile de leur faire confiance lorsqu’on décide de s’abandonner à eux par l’écrit. 

 

Ecrire pour mémoriser

 

Prendre ses cours à la main ne semble plus être à la mode. Pourtant, si on a l’impression de perdre du temps en choisissant cette méthode, on en gagnerait beaucoup sur la phase d’apprentissage. Comment ? Par un processus nommé Reticular Activating System, notre cerveau fait l’effort de trier les informations qu’il entend. L’apprentissage est directement enclenché. A contrario, en se contentant d’écrire presque bêtement le flux de parole débité, le cerveau n’a aucun mouvement actif, et il commencera à retenir uniquement au moment de la révision, où il devra en plus trier tout ce qui est inutile. Aussi intéressant qu’un professeur ou un collègue soit, chaque mot n’a pas la même importance. 

 

Finalement, j’ai réussi à broder quelque chose. Les mots finissent toujours par venir. 

A bientôt, 

 

Emeline Cornu

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