L'impact des réseaux sociaux est-il seulement négatif ?

 

Adem AY, Unsplash

 

Instagram, Tik Tok, Be real et bien d’autres sont aujourd'hui les symboles de la modernité. Statista estime que plus de 50 millions des Français utilisent les réseaux sociaux, soit 3 Français sur 4. Et pourtant, malgré leur essor permanent, ces réseaux sociaux sont de plus en plus questionnés. De nombreuses études sortent chaque année et tentent de décoder ce nouveau schéma social complexe. 

 

Pouvons-nous vraiment dire que les réseaux sociaux ont un impact négatif sur nous ? Sommes-nous réellement en mesure de répondre ? 

 

L’objectif des réseaux sociaux

 

Quand en 2004, Mark Zuckerberg créé Facebook, son objectif était d’initier du lien social, de mettre en place un outil de sociabilité qui permettrait aux gens de se connecter et de se rencontrer. Nous pouvons affirmer que c’est une grande réussite, nous n’avons jamais été aussi interconnectés que depuis 2004. 

 

En effet, mise à part cette fonction de communication, de nombreux autres avantages en ont découlés. Les utilisateurs ont pu échanger, découvrir et partager tout ce qu’ils souhaitent avec n’importe qui. Ces plateformes ouvrent un tel champ de possibilité que le sentiment de liberté qu’elles procurent est puissant. Non seulement nous créons de nouvelles relations, mais en plus, nous brisons notre solitude. Ce phénomène se remarque essentiellement chez la génération Z. Les réseaux sociaux sont un moyen efficace pour se sentir moins isolé, nous pouvons échanger facilement avec des gens qui nous ressemblent, même s’ils vivent à des centaines de kilomètres, voire des milliers. 

 

Enfin, les réseaux sociaux touchent un très grand nombre d’individus, c’est pourquoi certains les utilisent pour faire passer des messages. A l’instar de Facebook, qui en 2011 a permis l’organisation d’une insurrection secrète en Egypte qui a touché tous les environs, on l’a renommé le printemps arabe. Ainsi, la Tunisie, l’Egypte et la Libye ont pu renverser trois gouvernements dictatoriaux en allant se révolter suite à un des échanges passé inaperçu sur Facebook. 

 

Mais pourtant, il est évident que chaque grande innovation cache de nombreux inconvénients. 

 

Internet et ses vices

 

Comme évoqué précédemment, les réseaux sociaux nous offrent un grand nombre de libertés et très peu de régulations sont aujourd'hui mises en place. 

 

En effet, ces réseaux ont créé une toute nouvelle sphère sociale, c’est pourquoi toutes les problématiques de la « vraie vie » se sont retranscrites, voir amplifiées dans notre espace virtuel. Entre harcèlements, intimidations, pornographie ou encore arnaques, les réseaux sociaux peuvent dépeindre un décor bien loin de l’espace convivial d’échanges promis par leurs créateurs. Malheureusement, ces plateformes sont à la portée de tous et les individus mal intentionnés ont très vite compris comment utiliser les réseaux à leurs avantages.

 

On peut donner comme exemple un peu plus courant l’utilisation de fake news par les politiques pour défendre leurs idées. Cependant, ce genre de phénomènes ne sont pas spécifique aux réseaux sociaux, mais à Internet plus largement. Ce ne sera donc pas le sujet principal de cet article. 

 

L’impact concret des réseaux sociaux

 

La présence de la malveillance sur les réseaux sociaux est un fait avéré et qui constitue le sujet d’un grand nombre de campagnes de prévention. Mais une autre conséquence des réseaux sociaux, bien plus complexe et seulement récemment étudiée viens sonner l’alerte, c’est l’impact que ces derniers ont sur notre perception de nous-même. 

 

Tout d’abord, il est important d’évoquer la forte dépendance que créés les réseaux sociaux. De nombreux sociologues et psychologues alertent sur les conséquences de cette addiction. Car oui, c’est une addiction comme une autre et les algorithmes sont maintenant pensés pour nous faire plonger dans cette dépendance. Les réseaux sociaux sont un moyen efficace et facile d’accès pour fuir ses problèmes. A trop vouloir éviter la solitude, le risque est de s’enfermer dans un monde qui n’est que virtuel, voire à rejeter les interactions sociales plus « basiques », du quotidien. 

 

De plus, un autre type d’addiction peut découler d’un usage trop élevé des réseaux sociaux : l’addiction à notre image. Aujourd'hui, quand nous rencontrons une nouvelle personne, le premier réflexe que nous avons est de récupérer ses réseaux sociaux. De cette façon, nous pouvons avoir accès à qui est cette personne, on peut se faire une idée d’avec qui elle est en relation, quels sont ses hobbies, où elle s’est rendue…

 

De cette manière, notre image virtuelle devient la « première impression » que l’on renvoie. Ainsi, nous avons vite compris à quel point il était important de soigner son image sur les réseaux, de paraître toujours sous son meilleur jour. Nous devenons affamés de cette reconnaissance virtuelle. Le risque est de tomber dans un cercle vicieux. Plus on passe du temps sur les réseaux sociaux, plus on veut soigner cette image, plus on regarde du contenu pour s’inspirer, etc. La boucle est sans fin et elle peut non seulement nous créer de grosses baisses d’estime de soi-même à force de se comparer, mais surtout nous déconnecter totalement de la réalité. 

 

L’omniprésence d’images et de « modèles » sur les réseaux sociaux ne sont pas des phénomènes à minimiser. D’après une étude de la revue scientifique « The Lancet », portée sur 10 000 adolescents de 10 à 15 ans, non seulement les filles portent plus attention à l’image d’elle-même sur les réseaux sociaux, mais en plus, 40% d’entre elles présentent des signes de mal-être, de dépression et de mauvaises images corporelles.

 

Ces jeunes adolescentes se voient exposées à des corps de femmes adultes répondant à tous les codes de la société et qui en plus paraissent très aimées, bien sûr que la comparaison est inévitable. La Fédération Française Anorexie Boulimie estime que les jeunes adultes passant le plus de temps sur les réseaux sociaux ont entre 2,2 à 2,6 fois plus de chance d’être concerné par un trouble alimentaire.  

 

Nous pourrions nous dire que pour arriver à un tel taux de dépendance et d’influence il faudrait avoir une utilisation extrêmement élevée des réseaux sociaux et pourtant. Une heure, voire une trentaine de minutes sur les réseaux sociaux suffisent chaque jour. 

 

Des réponses à nuancer

 

Malgré tout, les croyances sont à nuancer. Evidemment que la santé mentale des adolescents décline depuis quelques années entre Troubles du Comportement Alimentaire, dépression, anxiété… Cependant, qualifier les réseaux sociaux et l’usage du téléphone comme « l’élément perturbateur » n’est pas avéré. D’après Luisa Fassi, doctorante à l’université de Cambridge à l’unité Cognition and Brain Sciences, nous ne pouvons pas affirmer que les réseaux sociaux sont la cause du mal-être des jeunes. Il est évident que c’est un facteur, mais l’instabilité croissante de notre société actuelle l’est tout autant par exemple. 

 

De plus, affirmer que les jeunes se sentent mal uniquement à cause des réseaux sociaux marque un manque de réflexion. Il y a un lien, c’est évident, mais peut-être que ce ne sont pas les réseaux sociaux qui rendent ces adolescents malheureux, mais ces adolescents malheureux qui se rendent sur les réseaux sociaux, à la recherche de réconfort et d’un endroit où fuir leurs problèmes. Malgré tout, il est évident que rester sur les réseaux lorsqu’on se sent mal n’améliore pas notre état, les algorithmes ont pour objectif de nous présenter du contenu qui répond à nos attentes et à notre état. Ainsi, lorsque l’on se sent mal, Instagram ou Tik Tok va nous proposer du contenu déprimant ou peu encourageant. 

 

En bref, les réseaux sociaux forment aujourd'hui un des piliers de nos interactions sociales, malgré leurs conséquences qui peuvent s’avérer très néfastes. Il est indéniable qu’Internet est une révolution qui permet, malgré tout, de grandes avancées dans le monde d’aujourd'hui. Cependant, son usage est à modérer pour éviter de tomber dans des schémas qui nous enferment et qui au final nous privent de nos libertés, là est tout le paradoxe avec des plateformes qui nous ouvrent le champ de tous les possibles. 

 

Lucie François

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