L’urgence climatique : un impératif sans compromis sur la préservation culturelle

 

Dans un monde où la crise écologique nécessite des mesures drastiques et immédiates, une question éthique émerge : L’urgence climatique peut-elle tout justifier ? Actuellement, cette interrogation soulève des débats souvent teintés d'une tension entre la nécessité de sauver notre environnement et la préservation des œuvres d'art contre les actes de vandalisme.

 

Pourquoi des œuvres d’art se retrouvent-elles victimes d’un sujet aux abords politiques et économiques ?

 

Alors que les scientifiques ne cessent de tirer la sonnette d'alarme sur les conséquences dévastatrices du changement climatique, et que les actualités submergent notre quotidien sur le dépérissement de la planète, de nombreuses personnes se retrouvent à devoir faire face à la crise écologique, et plus précisément la génération actuelle, qui s’est vue assaillie par une multitude d’informations dramatiques en si peu de temps qu’elle n’a pas eu le temps de les traiter graduellement. Insistant sur l’importance d’agir, cette hâte aux nuances désespérées les conduit à agir de manière violente.

 

Entre une prise de conscience brutale et un stress pré-traumatique, certains acteurs proposent des solutions radicales. Parmi celles-ci, l'idée de cibler des éléments culturels pour dénoncer l’inaction face à la crise climatique. Le vandalisme d'œuvres d'art, même au nom de la sauvegarde de l'environnement, soulève des préoccupations éthiques profondes.

 

Utiliser la renommée et la visibilité qu’apporte un célèbre tableau afin de publiciser des convictions idéologiques : Voici la crise qui touche de nombreux musées.

 

« L'art ne peut pas se défendre », a déploré le musée Mauritshuis de La Haye où La Jeune Fille à la Perle de Johannes Vermeer a été visée par les militants du collectif Just Stop Oil.

 

Au cœur de ce débat se trouve un dilemme moral complexe. D'un côté, la nécessité pressante de réduire notre empreinte écologique et de préserver les écosystèmes fragiles de notre planète semble exiger des mesures sans précédent et une participation globale vers un but commun. De l'autre, la richesse de notre diversité culturelle et artistique représente une part essentielle de notre identité collective, qui mérite d'être protégée et transmise aux générations futures. Sous le poids de cette tension, certains ont avancé l'idée de sacrifier des œuvres d'art, arguant que leur destruction pourrait détourner des ressources précieuses vers des initiatives environnementales urgentes. Cependant, une telle approche pourrait soulever des questions fondamentales sur la valeur intrinsèque de la culture et de l'art, ou encore sur les limites éthiques de nos actions face à la crise climatique.

 

La dégradation d'œuvres d'art ne garantit pas nécessairement des avantages environnementaux tangibles et compromettrait gravement notre capacité à comprendre et à célébrer notre histoire et notre diversité. Si les œuvres qui se trouvent aux musées sont protégées par des vitrines et d’une barrière de sécurité pour certaines, le paradoxe demeure.

 

“Plus je me fais laid, méchant, malade, pauvre, plus je veux me venger en faisant de la couleur brillante, bien arrangée, resplendissante” - Vincent Van Gogh

 

Le 14 octobre 2022, à la National Gallery de Londres, des militantes écologistes ont jeté de la soupe de tomate en conserve sur le tableau Les Tournesols de Van Gogh, qui était protégé par une vitrine, avant de coller leurs mains sur le mur et de lancer à la foule : “L’art vaut-il davantage que la vie ? Êtes-vous plus concernés par la protection d'une œuvre ou celle de la planète ?”.

 

Pendant longtemps, la scène a été relayée sur les réseaux sociaux et les chaînes d’informations. Cet acte de revendication a touché un grand nombre de personnes et a permis une meilleure et plus large visibilité sur les conséquences des émissions à effet de serre et la pollution qui dégrade nos écosystèmes. Plusieurs ont commenté qu’il s’agissait d’une action nécessaire, car en réalisant ceci, le groupe de manifestants peut être sûr que sur ce cas-ci, il n’y aura ni silence, ni inaction.

 

Pour d’autres, si le fond est légitime, la forme n’a pas convaincu. Face à cette escalade dans laquelle des biens culturels sont pris pour cible au nom de différentes revendications, le fond des questions revenait vers un point précis : jusqu'où cela ira-t-il ? Si la déprédation d'œuvres d'art devenait un moyen acceptable de faire avancer une cause, nous risquerions d'ouvrir la porte à un cycle de violence culturelle sans fin.

 

“Seule la résistance civile peut nous permettre de sortir de cette crise – il est temps de se lever et de défendre ce qui est juste.” - Manifestants du groupe Just Stop Oil

 

Les revendications environnementales engendrent une crise culturelle majeure, tout cela au nom de la justice pour l’environnement. Les opinions divergent sur le sujet, désigné comme un cycle infernal où l'on cherche à régler un problème en en créant un autre ne fait que perpétuer les crises à venir, et surtout leur répertoire d’action qui ne va qu’en grandissant : passer de lancer de la peinture ou de la soupe en collant leurs mains sur les murs, à taguer murs et sols, leurs mains collées cette fois-ci sur le cadre ou la statue. En fin de compte, sacrifier la richesse culturelle pour sauver l'environnement ne pourrait éventuellement mener qu'à une perte irréparable, exacerbant les tensions entre conservation et préservation. Et puisque l'urgence climatique appelle à des actions décisives, il serait essentiel de ne pas compromettre la préservation de notre patrimoine culturel dans ce processus.

 

Quoi qu’il en soit, on ne peut reprocher aux militants cette provocation pour que des décisions soient prises sur le plan écologique et environnemental. Ainsi, l’adage : “Aux grands maux, les grands remèdes” prend tout son sens.

 

Létissia Guenane

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