Le fondement idéologique d’Israël est-il un obstacle à une paix durable au Moyen-Orient?

 

Taylor Brandon / Unsplash

 

“Je ne prépare pas la guerre. Je me prépare à me défendre. Israël n'a pas le choix, c'est mourir ou gagner. Chaque fois qu'il y a eu une opportunité de paix, je l'ai exploitée”. C’est dans cette phrase prononcée par Shimon Peres lors d’un entretien accordé à Paris Match en 2013 que l’on retrouve toute l'ambiguïté du conflit israélo-palestinien. L’ex-premier ministre isráelien estime ainsi qu’Israël ne fait que se défendre lorsqu’elle participe directement à une guerre puisqu'elle est attaquée notamment sur sa légitimité d’exister. Il s’agit certes ici de la vision personnelle de Shimon Peres sur ce qu’est et sur ce que devrait être , mais c’est une vision partagée par une grande partie de la classe politique et l’opinion publique israéliennes, qui ont souvent des visions encore plus radicales. 

 

Mais alors qu’est-ce que Israël ? La vision de Shimon Peres est-elle vraiment celle que les sionistes avaient lorsqu’ils ont commencé à imaginer un retour du peuple juif sur la Terre Promise ? Comment cette vision, et le fondement idéologique d’Israël à son tour ont-ils changé ?



Approche historique

 

Le fondement idéologique d’Israël est d’abord basé sur le sionisme, il nous faut donc rappeler ce que c’est. Le sionisme (du Mont Sion à Jérusalem) est un mouvement politique et religieux visant à l’établissement d’un État juif, qui repose sur le fait que dans la tradition religieuse juive, la terre d’Israël a été promise à Abraham et ses descendants. 

 

C’est un mouvement qui a été concrétisé en 1897 par le premier congrès sioniste à Bâle, sous l’impulsion de Theodor Herzl, en réunissant plusieurs mouvements aux revendications similaires, en réponse à une forte reprise de l’antisémitisme en Europe sous la forme de pogroms de plus en plus nombreux subis par les juifs ashkénazes (de l’Europe de l’Est), notamment dans l’Empire russe, ou par exemple de l’affaire Dreyfus en France. C’est ainsi que naît l’organisation sioniste. Il expose quatre fondements justifiant l’instauration d’un “foyer national juif”: l’existence spécifique du peuple juif; l’impossibilité d’assimilation du peuple juif par d’autres peuples; pour éviter cette assimilation, la création d’un État particulier prenant en main le destin de ce peuple est nécessaire. Ces trois fondements du sionisme qui apparaissent dans son livre L’État des juifs sont renforcés par un quatrième préconisé lors du Congrès de Bâle: le droit du peuple juif à s’installer en Palestine.

 

Commence alors à naître un sentiment national chez les juifs de Palestine (aussi appelés Yichouv) à la fin du XIXème siècle. Ils ne sont que 20 000 en 1881 mais vont rapidement être rejoints par 70 000 juifs du Yémen et de la Russie tsariste de 1881 à 1914. Ce sont les deux premières alyas (immigration d’un juif en terre d’Israël). L’Organisation sionistecrée alors un Fond national juif qui s’occupe d’acheter des terres pour que les populations juives immigrées s’y installent. On refuse alors d’adopter une organisation coloniale, et travaillent eux-mêmes la terre plutôt que d’exploiter la population locale, ce qui permet de renforcer le sentiment national.

 

En 1917, alors que la fin de la Première Guerre mondiale approche, les forces armées du Royaume-Uni atteignent la Palestine ottomane et la prennent en contrôle. C’est le début de la Palestine sous mandat britannique. Mais les autorités britanniques ne vont pas tarder à accorder aux juifs la reconnaissance de l’existence d’un “peuple juif” et de leur droit à créer un “foyer national juif” en Palestine lorsque Arthur Balfour, alors ministre des Affaires Étrangères britannique signe la déclaration Balfour le 2 novembre de la même année. C’est une victoire énorme pour les sionistes qui vont commencer à façonner leur futur nouvel État, en créant leur propre système de soins, de sécurité sociale et de groupes armés paramilitaires et notamment la Haganah qui deviendra plus tard Tsahal. 

 

Cinq ans après, Churchill publie le premier Livre Blanc où il détaille la politique britannique dans ses colonies, et réaffirme que “le peuple juif est en Palestine de droit et non pas par tolérance”, ce qui encourage l’arrivée de 100 000 nouveaux juifs dans les années 20, c’est la troisième et la quatrième alya. Comme ce sont à nouveau des juifs ashkénazes, donc pour beaucoup d’entre eux porteurs d’idées socialistes, c’est David Ben Gourion qui s’impose en tant que nouveau leader du mouvement sioniste. Son parti travailliste est favorable à un partage de la Palestine en deux États: un juif et un palestinien. Il s’oppose formellement au courant sioniste révisionniste qui veut un État juif qui intègre l’ensemble de la Palestine et la Transjordanie.

 

Le projet sioniste se matérialise puisqu’à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, ils sont près de 400/500 000 (nombre qui diffère selon les sources) juifs en Palestine sous mandat britannique, et une base pré-étatique déjà forte existe, avec des terres achetées, des implantations industrielles fortes, leur propre système de sécurité sociale, leur propre police (Notrim), ainsi que sa propre politique.

 

Le “Nouveau juif” peut enfin travailler la terre, et se défendre en constituant des milices, deux activités qui, comme nous le rappelle Shlomo Ben-Ami (Quel avenir pour Israël ?) ils ne pouvaient pas exercer, étant obligés d’être des marchands ambulants et de bouger constamment sous le poids de la persécution d’un grand nombre des pays européens. commence à apparaître comme un modèle et le sionisme socialiste s’implante dans la population locale, avec par exemple l’apparition de kibboutz (villages collectivistes).

 

Le mouvement sioniste de Ben Gourion doit se tourner vers le géant américain, qui habrite une forte communauté juive, lorsque les britanniques se rapprochent des arabes pendant la Seconde Guerre mondiale. Se tient ainsi en 1942 le deuxième congrès sioniste. Le sionisme américain devient alors central, et les États-Unis un allié indispensable pour la défense d’une instauration d’un “foyer pour le peuple juif”. La diaspora juive américaine devient alors la première donatrice pour le projet sioniste.

Pendant ce temps, l’Allemagne nazie concrétise son projet de “Solution finale” et commence son entreprise génocidaire envers les juifs. 6 millions de juifs sont alors exterminés en l’espace de 6 ans. Une grande partie des rescapés de la Shoah souhaitent alors se réfugier en Palestine en espérant voire bientôt le projet sioniste se concrétiser. Les britanniques prohibent cette émigration, mais 70 000 juifs réussissent quand même à atteindre leur “Terre promise”. 

 

Le fondement idéologique d’Israël se voit alors accordé d’une sorte de “levier” comme l’explique Élie Barnavi dans L’Industrie de l’Holocauste. Réflexions sur l’exploitation de la souffrance juive. Puisque la création d’un État pour les juifs semble être indispensable aux yeux d’une grande partie de la communauté internationale pour éviter une erreur pareille à la Shoah. 

 

L’ingérence de l’immigration vers la Palestine des juifs de la part des autorités coloniales pousse le Royaume-Uni porte le problème aux Nations Unies qui décident en novembre 1947 soumettre au vote la solution à deux États. Ce dernier prévoyait également l’arrivée de beaucoup plus de réfugiés juifs, d’où la répartition territoriale inégale, avec Jérusalem comme ville internationale sous mandat britannique pour la question de la Palestine, voulue par une grande partie des sionistes. Après de longues négociations, cette solution est votée à l’Assemblée des Nations Unies par la majorité des participants (33 voix pour, 13 contre et 10 abstentions). L’ensemble des États arabes refusent cette solution et certains boycottent le vote.

 

Le 14 mai 1948, le Royaume-Uni quitte la Palestine, et dans la foulée, Ben Gourion annonce la création de l’État d’Israël. Dès le lendemain l’État hébreu est attaqué par une coalition de pays arabes qui sont défaits un an plus tard. Ceci contribue à modifier les frontières, et la bande de Gaza est annexée par l’Égypte tandis que la Cisjordanie actuelle devient le seul territoire palestinien. 

 

Le fondement d’Israël se concrétise alors dans le fond, puisqu’il est décidé qu’il n’y a pas de religion d’État et la liberté de culte est proclamée, mais il est quand même décidé aussi qu’Israël sera l’”État des juifs”, un foyer pour les juifs du monde entier. Elle définit l’influence du judaïsme sur le fondement idéologique d’Israël puisqu’à priori, dans sa définition, la priorité est donnée aux juifs, malgré la présence d’arabes sur le territoire. Cette préférence ethno-nationale pose problème puisque cela veut dire que non seulement les Palestiniens et arabes pourraient être réduits dans le futur à des citoyens de seconde zone si l’interprétation de cette définition de l’État hébreu est maladroite, mais également parce que les autorités israéliennes refusent le retour des Palestiniens dans les terres conquises après la guerre, profitant d’un statu quo avec les pays arabes.

 

Alors l’identité de la population israélienne se scinde en deux: certains se retrouvent dans un sentiment d’appartenance au judaïsme commun, tandis que d’autres développent un sentiment national israélien, où la croyance est un élément parmi d’autres, ouvrant néanmoins la voie à l’apparition des Arabes israéliens. C’est une ouverture du fondement idéologique d’Israël.

 

En 1950, la Knesset adopte la “loi du retour” qui permet à tout juif qui le souhaite de s’installer en Israël. 600 000 nouveaux juifs arrivent alors en Israël en l’espace de trois ans et rendent encore plus difficile un retour des palestiniens, montrant cette fois-ci une rupture dans le fondement idéologique d’Israël, qui adopte un élément qui prévoit l’arrivée constante de nouveaux juifs, et donc le fait qu’aucune concession territoriale ne sera faite, rendit la paix encore plus compliquée à atteindre avec les pays arabes.

 

Survient alors la guerre des Six Jours en 1967 qui va permettre à Israël d’étendre ses territoires et de prendre le désert du Golan, la bande de Gaza et la Cisjordanie. 250 000 Palestiniens fuient à leur tour. Israël entreprend alors la colonisation dans les territoires occupés. C’est un point de non-retour pour Israël qui va contribuer à accélérer la lutte armée palestinienne et entraver la paix. 

 

Après la guerre de Yom Kippour en 1973, où l’Égypte et la Syrie lancent une attaque surprise sur Israël en représaille des récentes politiques intérieures de l’État hébreu, celui-ci rend le Sinaï à l’Égypte, une partie du Golan à la Syrie, mais continue à occuper la bande de Gaza et la Cisjordanie, que les autorités prévoient de coloniser petit à petit.

 

Ainsi, le virage colonialiste de l’État hébreu qui estime que les territoires conquis et occupés ne doivent plus être rendus a provoqué des guerres, et moult conflits armés provoquant la mort de dizaines de milliers de Palestiniens et Israéliens, comme les Intifadas.

 

Ces différentes guerres ont permis aussi à Israël de s’imposer en tant que puissance majeur au Moyen-Orient, que les pays arabes ne sont pas capables de vaincre (du fait du soutien des États-Unis à Israël). Ainsi, les autorités israéliennes ont gangréné la question palestinienne et ont signé plusieurs échecs diplomatiques, notamment les Accords d’Oslo de 1995. Puisque suite à l’assassinat du Premier Ministre derrière ces accords, Yitzhak Rabin, le dernier espoir de voir un apaisement des relations entre palestiniens et israéliens est passé, et l’accession au pouvoir d’hommes politiques tels que Benyamin Netanyahou ont créé une situation où les conflits entre les différentes milices armées palestiniennes et l’armée israélienne s’intensifient et ne cessent que très rarement, effaçant tout espoir de paix à long terme dans les territoires israélo-palestiniens et plus largement au Moyen-Orient. 



Les problèmes que pose le fondement idéologique actuel d’Israël pour une paix durable au Moyen-Orient

 

L’accession à nouveau au pouvoir de Benyamin Netanyahou en tant que Premier ministre d’Israël en 2021 a remis en danger le peu d’espoirs qui existaient pour trouver la paix dans les territoires israélo-palestiniens. En effet, lui et son gouvernement prônent une solution au conflit isráelo-palestinien à un État sous la domination des autorités isráeliennes, c’est-à-dire qu’il refuse qu’un État palestinien existe, comme il le déclarait dans une conférence de presse donnée en 2024: “Dans tout futur engagement (...) Israël doit avoir le contrôle sur l’ensemble du territoire à l’Ouest du fleuve Jourdain”

 

Ceci est une posture agressive et pose problème puisque c’est désormais la solution que l’État d’Israël souhaite proposer, notamment à travers l’occupation de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, et de la colonisation progressive de cette dernière, encouragée et défendue par le gouvernement israélien. Ceci provoque deux choses. D’une part les Palestiniens se font chasser de leurs terres, ce qui va naturellement provoquer leur colère, et peut-être les mener à se radicaliser et à prendre les armes, et donc encore plus éterniser le conflit armé entre Israéliens et Palestiniens et l’étendre aussi à la Cisjordanie. D’autre part, ceux qui sont incapables de poursuivre le combat se dirigeront vers les pays voisins comme la Jordanie ou la Syrie. Non seulement ces pays ne sont pas en capacité d’accueillir aussi rapidement des centaines de milliers de réfugiés palestiniens, la Syrie devant déjà gérer une guerre civile qui traîne depuis plus d’une décennie et la Jordanie accueillant déjà des centaines de milliers de réfugiés palestiniens. Ceci risque donc de ternir les relations déjà tendues entre Israël et ses voisins et éloigner le Proche-Orient de la paix dans un futur proche. 

 

De plus, un gouvernement qui nie catégoriquement le droit au peuple palestinien de s’autodéterminer donne encore plus de raisons au peuple palestinien de continuer la lutte armée puisque peu importe le nombre de fois que l’on tente de négocier la réponse de Netanyahou sera toujours la même: il ne tolérera pas l’instauration d’un État palestinien libre. Pire encore, cela donne plus de raisons aux Palestiniens de soutenir le branche armée terroriste du Hamas qui prône la destruction de l’État d’Israël à travers la lutte armée contre les “sionistes”, car selon eux c’est la seule façon de libérer le peuple palestinien. 

Or, si le gouvernement décide d’envoyer l’armée à Gaza et bombarde de manière continue la population civile (pour atteindre des objectifs militaires certes, mais au détriment de la vie de dizaines de milliers de personnes innocentes), alors le peuple palestinien ne verra plus qu’une seule issue, celle de la lutte armée. Et beaucoup d’entre eux seraient alors tentés de rejoindre la lutte armée avec le Hamas.

 

Ainsi, l’idéologie portée par Benyamin Netanyahou et ses accolytes au gouvernement les cinfuit à vouloir  revisiter le sionisme implémenté par le fondateur d’Israël, David Ben Gourion, et en faisant cela contribue à enterrer avec eux tout espoir qu’il restait pour qu’une paix durable soit trouvée entre les représentants du peuple palestinien et les représentants des isráeliens. Donc le type de sionisme porté par Netanyahou, et soutenu par de plus en plus de personnes en Israël, un sionisme revisiteur (héritier de l’Irgoun) qui ne veut pas d’État palestinien et contribue donc à éterniser un conflit qui selon le secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres, “menace de prolonger indéfiniment un conflit qui est devenu une menace majeure pour une paix globale”. 

 

Mais après les attaques terroristes du Hamas le 7 octobre 2023, cette vision du gouvernement israélien risque de ne pas changer voire de se radicaliser, porté par une population bousculée et émue par une attaque terroriste massive sur des milliers de civils inoffensifs. La question des otages, dont 132 sont encore détenus par le Hamas, précipite encore plus l’opinion publique en faveur de Benyamin Netanyahu, qui promet de rendre aux familles israéliennes leurs proches pris en otage, coûte que coûte. La solution que propose Netanyahu, c’est-à-dire un bombardement continuel des postes stratégiques militaires du Hamas et une invasion terrestre de la bande de Gaza, reste pour beaucoup la seule voie, ou en tout cas la plus rapide, pour libérer les otages et à terme mettre fin au conflit israélo-palestinien. 



Quelles conséquences pour le Moyen-Orient et les acteurs internationaux de cette région

 

Ainsi, si le conflit entre Israël et la Palestine perdure cela veut dire que la normalisation entre les pays arabes est stoppée. En effet, cette normalisation aurait voulu dire que les relations entre Israël et ses voisins arabes s’apaisent, que de nouvelles relations économiques se nouent, ce qui créerait des intérêts entre les pays à ce qu’il n’y ait pas de guerres. De plus, beaucoup de pays au Moyen-Orient, notamment les pays du Golfe, souhaitent dynamiser leur économie et sortir d’une dépendance face au pétrole, ce qui passe par un lancement de grands projets et l’arrivée d'investissements étrangers, ce qui nécessite à son tour un apaisement de la région. Mais donc sans celle-ci, les relations diplomatiques entre Israël et la majorité des pays arabes menacent de se refroidir voire de se geler, et donc d’attiser l’animosité entre eux et s’éloigner d’une paix durable, ce qui diminue les investissements étrangers, et contribue à ralentir voire empêcher la croissance et dynamisation économique des pays moyen-orientaux. 

 

De plus, une prolongation du conflit israélo palestinien implique une entrée active dans le conflit de l’Axe de la Résistance, c’est-à-dire l’alliance politique et militaire anti-israélienne entre forces armées étatiques et militaires généralement chiites comme le Hamas, le Hezbollah, les milices Houthis yéménites, ainsi que l’Iran entre autres, t une hausse de l’activité armée de l’Axe de la Résistance veut dire plusieurs choses. 

 

Tout d’abord que les forces armées du Hezbollah aient plus de confrontations avec Tsahal à la frontière israélo-libanaise et menace la sécurité intérieure libanaise, en plus de provoquer des tentatives d’assassinat de leaders des différents groupes formant “l’Axe” de la part d’Israël. Comme ce fut le cas le 2 janvier dernier avec l’assassinat de Saleh al-Arouri par un drone israélien. Ceci pose problème puisque non seulement la frappe a tué 6 civils à part al-Arouri, mais elle viole la souveraineté du Liban sur son propre territoire, et fait craindre une contagion du conflit israélo-palestinien à d’autres pays voisins.

 

Ensuite, le fait que l’Axe de la Résistance se pose comme seul “résistance efficace” contre l’État hébreu profite à l’Iran, chiite qui se pose comme nouveau “grand frère” du monde arabo-musulman aux dépens de l’Arabie Saoudite, sunnite. Ce qui ne fait que mettre de l’huile sur le feu d’un conflit déjà gangréné par plusieurs conflits dans la région comme au Yémén, la Guerre Froide du Moyen-Orient entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, entre les populations arabes chiites et celles sunnites. 

 

Enfin, le fait que les milices Houthis au Yémen s’agitent et décide d’attaquer les bateaux commerciaux passant par la Mer Rouge a déclenché une intervention directe des États-Unis et du Royaume-Uni, a gangréné la guerre civile yéménite et a provoqué que des puissances extérieures occidentales et membres de l’OTAN s’y mêlent, ce qui effrite encore plus les tensions déjà très accentuées entre les États-Unis et l’Iran, n’apaisant en rien leurs relations et éloignant le Moyen-Orient d’une paix durable dans un futur proche.



Conclusion:

 

Nous avons donc vu que le fondement idéologique qui au départ fut, pour une grande partie, favorable à une solution à deux États, changea après les guerres auxquelles Israël dut faire face entre 1948 et 1973. Ainsi la politique israélienne à l’intérieur prône depuis un État centré dans la préférence ethno-nationale pour les Juifs, même si les autres ethnies et confessions ont le droit d’y vivre et de pratiquer leur culte, cette préférence pèse dans les faits. Quant à la politique extérieure, Israël refuse la solution à deux États qu’elle voit désormais dangereuse pour sa sécurité nationale, à l’image des discours de Netanyahou notamment après les attaques terroristes du 7 octobre 2023. Le fondement idéologique d’Israël a donc désormais comme conséquence de perpétuer le conflit israélo-palestinien, mais en plus de cela, en refusant une solution à deux États, menace de propager le conflit aux autres pays voisins (pour la plupart déjà instables), mettant une paix durable au Moyen-Orient en péril.

 

Mais l’espoir est toujours là dans la société israélienne. Un sondage du Time en novembre 2023 nous montre qu’environ 40% des Israéliens sont favorables à cette solution à deux États. Alors, il ne faut pas oublier que pour beaucoup d’israéliens, leur droit à décider eux-mêmes n’implique pas la disparition des terres et du peuple palestinien, et qu’un chemin vers la paix peut commencer à être construit, en réunissant les revendications du nationalisme palestinien et du sionisme israélien, et en faisant des compromis, comme l’ont fait Yasser Arafat et Yitzhak Rabin trente ans auparavant. Et à terme, pourquoi pas, la conception de ce qu’est Israël pourrait changer au sein de la société israélienne.

 

Vassili Senegas 

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