Le Hamas est-il une organisation terroriste ?

 

Au cœur des polémiques récentes après avoir refusé de qualifier officiellement le Hamas d’organisation terroriste (avant de revenir sur ses propos), Mathilde Panot, députée de La France Insoumise, remet au centre des débats un questionnement sur la nature de cette organisation. 

 

Créé en 1987 dans la foulée de la première Intifada, le Hamas se présente à l’origine comme un mouvement révolutionnaire, ayant pour ambition de redonner une souveraineté territoriale sur l’ensemble des terres palestiniennes à ce même pays, en détruisant ainsi l’Etat d’Israël (qu’elle refuse de reconnaître par la même occasion). En 1988, le Hamas présente sa charte (qui sera amendée en 2017), dans laquelle elle expose l’ensemble des raisons de sa création, ses objectifs stratégiques; ainsi que sa volonté future concernant la question palestinienne. 

 

La charte du Hamas présente l'organisation comme une branche des Frères Musulmans, qui serait située en Palestine. L’organisation des frères musulmans est une organisation terroriste islamiste qui a récemment refait surface dans le paysage médiatique français, après les dernières polémiques autour du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin. Cette charte se caractérise par une haine viscérale du juif (propos antisémites et complotistes) ainsi que par un rejet clairement affiché de l’Etat israëlien. Bien que certains universitaires argumentent dans le sens inverse, (en avançant que la charte n’est ni représentative des intérêts du Hamas aujourd’hui, ni symbolique des objectifs poursuivis); il n’en reste pas moins qu’elle figure toujours comme la charte officielle du Hamas. Sa présupposée écriture par un seul membre de l’organisation terroriste des Frères musulmans est largement décrédibilisée par sa prééminence dans la structuration politique actuelle du Hamas. 

 

La seule affiliation à l’organisation politique des Frères musulmans représente déjà une avancée considérable dans la recherche d’une réponse au questionnement initial. Toutefois, si cette interrogation est revenue à l’ordre du jour, elle coïncide avec la reprise des hostilités actives entre le Hamas et le gouvernement israëlien. Depuis le 7 octobre, les défenseurs du  Hamas qualifient leurs actes de “résistance” ou bien même “d’actes militaires”. Or, spoiler alert, il n’en est rien. Une guérilla a pour ambition clausewitzienne de chercher la sympathie du grand public, afin de déstabiliser le gouvernement oppresseur. Or, en suscitant la peur chez les civils, le Hamas renforce le soutien israélien envers les ripostes de leur gouvernement qui tendent, de fait, à être disproportionnées. 

 

De surcroît, les cibles visées par les attaques du Hamas sont essentiellement des victimes civiles et innocentes, ce qui empêche factuellement de qualifier ces attaques “d’actes militaires”, puisqu’elles ne relèvent en rien du point de vue stratégique militaire. De plus, l’atteinte à l’intégrité physique de civils ne vise pas à réduire les effectifs militaires israéliens, et elle ne permet pas de faire déjouer la stratégie militaire du même gouvernement. Ce sont uniquement des actes terroristes barbares résultant d’un terrorisme islamiste barbare. 

 

Enfin, les actes du Hamas sont réalisés dans le but de provoquer la peur au sein de la population israélienne, avec pour objectif de susciter une réaction du gouvernement de Netanyahu. Ainsi, les deux grandes composantes de la définition de terrorisme se retrouvent dans ces exactions terroristes, qui ne relèvent en rien des moyens de guerre conventionnels que l’on peut observer à travers l’Histoire.

 

Pour autant, le reproche qui peut être fait à l’ingérence occidentale suite à l'incompétence qui encadre la déclaration Balfour, peut également être adressé au gouvernement israélien. Ce même gouvernement qui, pour s’opposer à l’ampleur prise par le Fatah et pour déstabiliser la création pérenne d’un Etat palestinien, décida de financer les débuts du Hamas en 2003. Ironie du sort, c’est cette même organisation terroriste qui s’oppose aujourd’hui au gouvernement israélien, et qui remet en question le principe même de paix dans sa charte de création. 

Il serait stupide de décrier le gouvernement israélien comme étant le bourreau de ses populations civiles lachement assassinées; pour autant Le Hamas n’aurait sûrement jamais existé de manière pérenne sans le soutien du gouvernement en place à l’époque. 

 

Les réactions suscitées par ce même gouvernement en réponse aux attaques terroristes relèvent certes d’un droit de se défendre, pour autant, peut-on instaurer des limites à ce droit ? Doit-on encadrer cette légitimité dans un cadre légal ? Autrement dit, les bombardements israéliens massifs sur les civils de la Bande de Gaza sont-ils seulement emprunts de légitimité ? 

 

Tout comme nous déplorons les morts civiles résultant des actes terroristes perpétrés par le Hamas, nous déplorons avec la même énergie les morts civiles causées par les bombardements israéliens. Le Hamas, réifiant la population civile en bouclier, amplifie sans vergogne les dommages civils, et le cycle destructeur dans lequel est plongé ce conflit ne trouvera de solution que dans un établissement de limites autant morales et militaires, que territoriales et frontalières. 

 

Une mort civile restera toujours une mort de trop; et le gouvernement israélien, ainsi que le Hamas, sont en somme des ennemis de la paix tant leurs agissements sur les dernières années visent à détruire volontairement l’existence d’un État. Dans un conflit qui s’éternise, l’ONU doit consacrer le peu d’autorité et de crédibilité qui lui reste pour tenter de limiter les pertes qui ne cessent de s’alourdir alors même que nous rédigeons ces lignes.  

 

En faveur d’une paix durable et solide, nous nous tenons main dans la main derrière les populations civiles; dans l’espoir utopique d’un monde meilleur. 

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