Les jeux d'influence politique (inter-étatique) par le prisme israélo-palestinien

Le 7 octobre 2023, le président de la République française Emmanuel Macron publie un tweet dans lequel il déclare exprimer sa “pleine solidarité avec les victimes -israéliennes-, leurs familles et leurs proches” La publication de ce message intervient à la suite du bombardement terroriste du Hamas sur les populations civiles d’Israël, causant la mort de centaines d’entre elles. Ces bombardements, associés aux actes barbares de ladite organisation, alourdissent fortement le bilan humain. 

Ce soutien inconditionnel apporté aux civils israéliens témoigne ainsi de la compassion du gouvernement français, de la condamnation de toute attaque terroriste, ainsi que de la déploration de toute perte civile. Pour riposter à cette attaque terroriste le gouvernement israélien use de son droit de défense (bien que l'intégrité physique du peuple palestinien était déjà entamée), et réplique à l’aide de frappes elles aussi extrêmement meurtrières sur le plan civil. Or, suite à ces attaques, le président français n’a cette fois-ci, pas exprimé sa solidarité en vers les victimes civiles palestiniennes. 

Le terrorisme par rapport à un droit de riposte (souvent disproportionné) est évidemment davantage condamnable, et amputable à la crédibilité d’un gouvernement; et un délai de décence peut paraître légitime. Pour autant, en ce qui concerne les populations civiles, ce sont elles qui subissent les décisions militaires de leurs gouvernements respectifs. Ce sont elles qui croulent sous les bombes, qui tentent de survivre avec la peur quotidienne de mourir. 

En réalité, cette différence de traitement médiatique ici est simplement un exemple actuel qui démontre la prépondérance du jeu d’influences politique dans l’échiquier géostratégique mondial. Ce cas présent illustre ainsi à quel point une affaire peut être traitée différemment en fonction des protagonistes qu’elle implique. Evidemment ici le terrorisme et le droit de riposte sont incomparables, mais l’asymétrie médiatique en ce qui concerne le soutien aux populations civiles vient parfaitement exemplifier notre propos. 

En géopolitique, l’influence est une norme tant elle illustre avec perfection les relations inter-étatiques de notre monde. Cette influence inter-étatique (plus généralement qualifiée par des termes comme le Soft Power, Hard Power…) caractérise la capacité qu’a un état de peser sur les décisions, les déclarations voire même la politique d’un autre état. Le jeu des influences illustre ainsi cette toile d’influence géopolitique qui compose aujourd’hui les relations internationales. 

Dans le cas de la France, cette notion est exemplifiée avec la différence de traitement que cette dernière entretiendra entre différents états. Prenons par exemple les Etats-Unis ainsi que la Slovaquie, la France se positionnera différemment sur la même question en fonction du pays à qui elle s’adresse. La Slovaquie n’a pas la même importance géostratégique que la première puissance mondiale. En clair, ce constat fait émerger les jeux d’influence politique comme étant une norme politique supérieure à des valeurs telles que la morale ou encore l’éthique. 

Le conflit israélo-palestinien, tout aussi complexe qu’il soit, illustre de manière pertinente ce clivage entretenu à l’échelle des relations internationales. La France possède davantage d’intérêts à soutenir Israël, plutôt que d’apporter son soutien au peuple palestinien qui ne représente quasiment rien en terme de poids géopolitique. 

            En réalité la France ne soutient pas le gouvernement israélien, elle se montre réticente à la colonisation immobilière et à toute la pression que subi le peuple palestinien depuis plusieurs années. Pour autant, si Emmanuel Macron apporte davantage son soutien au peuple israélien qu’au peuple palestinien (et ne condamne pas les ripostes disproportionnées du gouvernement), ce n’est pas par hiérarchisation religieuse ou même communautaire; mais simplement pour servir les intérêts géopolitique de la France. 

Lorsqu’une puissance se retrouve au sommet de cette pyramide des influences, elle peut (dans les limites du rationnel) commettre toutes sortes de violations du droit international, sans être condamnée avec autant de fermeté qu’un pays avec une influence moyenne qui aurait intenté les mêmes violations. Lorsque la France s’est opposée à l’invasion de l'Irak, elle possédait encore assez d’importance dans cette pyramide des influences; tandis qu’aujourd'hui l’émergence de certaines puissances tend à reléguer cette dernière sur un plan inférieur. 

Lorsque le Royaume-Uni a soutenu l’invasion des Etats-Unis, ce n’était pas du fait d’une conviction idéologique prééminente; mais simplement en vertu du jeu des influences. 

Le prisme israélo-palestinien est ainsi pertinent dans l’analyse de la contrainte d’influence qui régit les décisions de chaque état. Pour autant, doit-on légitimer cette “hypocrisie” politique? La politique possède une place trop importante dans le quotidien de chaque citoyen pour la laisser prendre le pas sur les valeurs qui font de nous des humains.  

En tant que citoyens français, nous sommes en droit de demander à notre président, notre représentant constitutionnel, de prendre des positions plus fortes sur un sujet qui manque cruellement d’humanité. 

En tant que citoyens français, nous sommes en droit de demander au gouvernement français de déplorer avec le même déchirement les pertes civiles palestiniennes et israéliennes. 

En tant que citoyens du monde, nous sommes en droit de demander aux pays arabes, aux pays occidentaux, d’intégrer un semblant d’humanité dans leurs prises de paroles, en pleurant avec le même acharnement les morts injustes des civils. 

L’utopie relève avant tout d’une absence de détermination; l’éthique devrait régir les relations internationales et s’interposer lors de conflits, au nom même de l’humanité toute entière. L’humanité doit prendre le pas sur ces machinations robotique d’influence qui dénaturent aujourd’hui la manière dont sont régies des relations qui sont avant tout inter-humaines.