Monarchie économique en Corée du Sud

 

 

Anciennement royaume en ruine étant le pays le plus pauvre du monde en 1953, la Corée du Sud trône aujourd’hui à l’honorable 10ème position des plus grandes puissances économiques du monde. Il n’est d’ailleurs pas exagéré de présenter la Corée du Sud comme le pays le mieux équipé et le mieux avancé technologiquement dans le monde, faisant du pays un véritable paradis futuriste. 

 

Or, il y a toujours une partie immergé de l’iceberg. Malgré sa croissance fulgurante, le pays est le théâtre de nombreux cas de corruption ainsi que d’un lobbying hors du commun par des dynasties corporatistes nommées “Chaebols”.

 

Ce nom ne vous évoque peut-être rien, mais vous consommez leurs produits chaque jour. Samsung, Hyundai ou encore LG, ces trois colosses sont les figures de proue des Chaebols, et sont si importants que leur chute entraînerait celle du pays entier. 

 

Mais alors comment les conglomérats Sud Coréens sont-ils devenus les néo-monarques de la République de Corée ?

 

Le miracle économique Coréen

 

La Corée du Sud est passée du jouet de l’infamie Japonaise à un leader de l’économie mondiale en moins de 50 ans. Ce boom économique nommé “Miracle de la rivière Han” n’a rien d’un mystère et résulte d’une politique très spéciale. À partir des années 60, grâce au rapprochement avec les Américains pour obtenir des financements, le dictateur Park Chung Hee décide d’offrir d'énormes sommes d’argent ainsi que des grands privilèges tels que des prêts à des taux très avantageux et des réductions d’impôts aux grosses entreprises coréennes. Le but étant de propulser l’industrialisation de la Corée du Sud.

 

La crise économique asiatique de 1997, causée par  l'afflux massif de capitaux étranger dans la région et faisant exploser les dettes, n’a  pas du tout inquiété les Chaebols. Ils en profitent pour créer des sous-divisions de leurs entreprises pour optimiser la diversification de leur production. C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’est créé Samsung motors. 

 

Cette propulsion de la production coréenne est aussi due à ce qu’on pourrait appeler la “mentalité coréenne”: Les coréens produisent beaucoup et avec une très grande qualité d'exécution, comme le montre la politique “zéro défaut” de Samsung. Cette politique leur a permis de dominer en termes de ventes le marché mondial du téléphone portable.



Une influence devenu monarchique

 

Cependant en 2023, le rôle des Chaebols fait débat et effraie. 

 

Leur croissance phénoménale au cours du siècle précédent est devenue un danger inattendu pour la Corée du Sud. On peut parler dans certains cas d’une mainmise sur le pays.

 

L’exemple de Samsung est alarmant. Le dragon Coréen est responsable de la production de 20% du PIB du pays. En y ajoutant les 4 autres plus grands Chaebols, on passe à 37% du PIB national. Si Samsung tombe, c’est l’économie du pays qui s’effondre avec. 

 

Ce monopole économique à des conséquences sur la société. La réussite des étudiants coréens est conditionnée par l’obtention d’un poste dans une Chaebols, un cas de “brain drain” (soit l’accaparement d’une main d’oeuvre intellectuelle) à une échelle nationale, empêchant les petites et moyennes entreprises d’avoir de la main d'œuvre qualifiée. 

 

On parle même de “l’homme Samsung”, un homme né dans une clinique détenue par Samsung, étudiant dans une école détenu par Samsung dans le but d’aller travailler pour Samsung.

 

Les Chaebols ont aussi droit à leur dose de scandales, étant très souvent au centre de plusieurs affaires de corruption. Le cas récent le plus célèbre est l’incarcération de l’ancienne présidente de la Corée du Sud, Park Geun-Hye (2013-2017).

 

L’affaire hors du commun mettait en lumière que l’ancienne présidente était influencée par Choi Soon-Sil, une femme ayant des liens avec des sectes chamanique de Corée du Sud. Samsung et Hyundai ont versé pas loin de 65 millions de dollars à des sociétés liées à cette chamane. 

 

Suite à cette affaire, l’ancienne présidente est condamnée à 32 ans de prison ferme contre 20 ans de prison ferme pour celle qu’on surnomme “Raspoutine Coréenne”. En revanche, le président de Samsung écopera de seulement 5 ans de prison et sera même relâché bien plus tôt bénéficiant d’une libération correctionnelle. Ce cas illustre parfaitement l’influence et la pression que les Chaebols ont sur la Corée du Sud. La justice et le gouvernement coréen sont bien plus clément envers eux car le pays est terriblement dépendant d’eux.



Le miracle coréen d’autrefois est aujourd’hui la cause de bien des scandales politiques. 

 

En échange d’un siège dans le cercle des puissances mondiales, la Corée du Sud est maintenant paralysée de l’intérieur par des conglomérats dynastiques contrôlant l’économie, la politique (via les pots de vin) et la main d'œuvre. En voulant se libérer de l’influence historique des autres pays, la Corée du Sud a fini par forger les propres chaînes de sa captivité.

 

Côme Jacquinet

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