Paris 2024: Des jeux en pleine montagnes russes

AFP

 

Événements majeurs du sport international, les Jeux olympiques disposent d’un pouvoir politique et médiatique sans égal. Qu’elles soient hôtes ou invitées, les délégations cherchent à montrer au monde la puissance de leurs athlètes, miroirs des citoyens nationaux.

 

Le centenaire des Jeux de Paris (1924-2024) est, une fois n’est pas coutume, marqué par des tensions sportives provenant de réels affrontements géopolitiques. En effet, le conflit Russo-Ukrainien déclenché par l’invasion de l’Ukraine par l’armée de son voisin la Fédération de Russie le 24 Février 2022; pose la question de la participation du Comité Olympique russe (ROC) à ces Jeux olympiques.

 

Déjà officiellement absents à Tokyo en 2021 et à Pékin en 2022, les athlètes russes avaient concouru sous bannière olympique, n’étant pas autorisés à représenter leur drapeau à la suite du scandale de dopage institutionnel dévoilé en 2015. Dans une interview accordée début septembre au quotidien L’Equipe, le Président de la République Emmanuel Macron avait exprimé son souhait de “ne pas voir de drapeaux russes aux Jeux”, tout en laissant la décision finale au Comité International Olympique (CIO). Ce dernier avançait alors  qu’il serait inacceptable de faire la promotion d’un pays auteur de crimes de guerre. Un discours à deux vitesses lorsque nous observons a posteriori les 6 médailles d’or de l’Américain Michael Phelps à Athènes en 2004, célébrant avec le Stars and Stripes en pleine guerre d’Irak.

 

Jusqu’à récemment, la participation de la délégation russe semblait actée sous la bannière neutre. Cependant, un communiqué de presse du CIO datant du 12 octobre a suspendu avec effet immédiat et jusqu’à nouvel ordre le ROC. En clair, cela représente l’interdiction pour le ROC d’exercer ses fonctions de Comité olympique, mais aussi de recevoir les financements du CIO (soit plus de 1,5 Milliards de Dollars annuels distribués aux différents Comités pour aider les athlètes et fédérations). Cette décision radicale prise par le Comité olympique international, sanctionne la politique du Kremlin qui, le 5 Octobre, a englobé les fédérations sportives ukrainiennes des régions sous contrôle russe. Les fédérations de Donetsk, Kherson, Louhansk et Zaporijia, territoires sous occupation russe ont ainsi complété les branches des fédérations sportives russes.

 

Cette russification du système sportif ukrainien représente la simple mise en application du projet de loi russe pour l’annexion, la promotion culturelle du pays ainsi que l'assimilation des populations ukrainiennes par l’intégration de systèmes russes au sein des régions sous occupation. L’annexion des fédérations sportives constitue une violation de la Charte olympique en compromettant l’intégrité territoriale du Comité olympique ukrainien. Dans les faits, cette annexion pourrait signifier qu’un athlète de naissance ukrainienne à Donetsk pourrait participer aux compétitions et championnats russes sous sa nouvelle nationalité, Jeux olympiques compris.  

 

Cette suspension provisoire du Comité olympique russe par le CIO ne concerne cependant pas encore la participation aux Jeux olympiques de Paris. Son directeur de la communication Mark Adams, conscient de la situation explosive, préférant temporiser “le CIO en décidera ultérieurement, à la date qui lui conviendra”. À l’opposé, Stanislav Pozdniakov, président du Comité olympique russe n'imagine “pas un seul instant un boycott des JO”, symbole d’une volonté assumée de participer, même sous bannière olympique. Enfin comme dernière  provocation, Pozdniakov estime que “le sport doit prendre ses distances par rapport à la politique” tandis que c’est justement sous l’utilisation du sport que le Kremlin cherche à assimiler les populations ukrainiennes.

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