Pour une splendeur panafricaine : la difficile quête de la Coupe d'Afrique des Nations

 

Riyad Mahrez and his teammates celebrate with the trophy after winning the 2019 CAN /  credit: Getty Images

 

Véritable Graal du sport africain, la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) célèbre la grande diversité culturelle de son continent en un théâtre biennal, tenant le football pour principal protagoniste. S’affirmant comme la vitrine de la réussite sportive de tout un continent, la CAN est devenue ces dernières décennies un authentique mythe où les héros et l’identité collective naissent et se sculptent au fil des matchs. 

 

À l’exception d’une minorité de pays, les nations africaines trop peu récompensées aux Jeux olympiques ne trouvent que le football et cette Coupe d’Afrique des Nations pour initier un rayonnement à l’international.

 

Depuis 1957 cette compétition, alors bien plus qu'un simple rendez-vous sportif, incarne la fierté et l'unité d'un continent, s'efforçant de briller au-delà des frontières du jeu, mais non sans faire face à une série de défis pouvant entraver cette quête de splendeur. C’est ainsi, dans cet équilibre délicat entre ambitions éclatantes et obstacles inévitables que prennent lieu les CAN.

 

Cette 34ème CAN qui s’ouvre ce samedi en Côte d’Ivoire aura, une fois n’est pas coutume, l’ambition de symboliser au monde entier l’unité du continent africain. Un idéal de fraternité panafricaine célébrant les succès sportifs comme ciments d’une forte identité collective. Dans une Afrique divisée par d’innombrables sujets, la CAN représente une plateforme de rencontres et d'échanges politico-sociaux.

 

Devenant une occasion rare pour deux présidents de se rencontrer le temps d’un match dans un esprit apaisé, elle permet alors d’hypothétiques rapprochements politiques en faveur d’une Afrique unie. Processus similaire pour les populations promouvant leurs richesses culturelles dans le pays hôte, comme message d’espérance à la forge de liens durables entre nations africaines.

 

Cependant, la CAN doit malheureusement faire face à de nombreux embarras. Pouvant être surmontés par de progressives améliorations ou étant inhérents au climat africain des défis mettent sous le feu des projecteurs certains dysfonctionnements, allant alors à l’encontre de son idéal splendide.

 

Un des défis persistants auquel la CAN est confrontée réside dans la qualité des pelouses des stades. Des terrains en mauvais état peuvent compromettre le niveau de jeu, mettre en danger la santé des joueurs et influencer le déroulement des rencontres. La maintenance adéquate des pelouses dans des conditions climatiques parfois difficiles nécessite une attention constante et des investissements considérables pour assurer un environnement de jeu optimal. 

 

Ces investissements se révèlent souvent insuffisants pour pallier la détérioration des pelouses au fur et à mesure de la compétition, laissant des terrains très usés pour les derniers tours pourtant les plus importants et suivis, participant alors à l’étiquette persistante d’amateurisme rattachée à la compétition.

 

À l’heure actuelle, les démarches vont dans le bon sens avec la modernisation des systèmes d'irrigation plus efficaces, mais certaines fédérations semblent trop pressées et entament la construction d’infrastructures disproportionnées. Pour la CAN 2021, le Cameroun fait construire le Stade d’Olembe d’une capacité de 60 000 places pour près de 249 Millions . Un projet démentiel plus proche du culturisme que d’un réel besoin sportif.

 

Enfin, l'instabilité politique émerge comme l'un des défis majeurs pouvant perturber le cours harmonieux de la Coupe d'Afrique des Nations, influençant à la fois son organisation pratique et son atmosphère générale. La nature complexe des dynamiques politiques sur le continent africain expose la CAN à des enjeux variés, allant de la sécurité des participants à l'image globale de la compétition.

 

La CAN 2012 initialement prévue au Mali fut déplacée en Afrique du Sud par souci de sécurité. À cette époque, le Mali connaît une instabilité politique majeure avec un coup d'État militaire, suivi par une déclaration d'indépendance de la région du Nord par des groupes rebelles touaregs. Les préoccupations liées à la sécurité des équipes, des officiels et des supporters prenant une importance capitale, remettent en question la possibilité de maintenir la compétition dans des conditions sûres et stables. 

 

Face à ces défis, la Confédération Africaine de Football (CAF) a pris la décision difficile de déplacer la CAN 2013 vers l'Afrique du Sud, assurant ainsi la sécurité des participants et préservant l'intégrité de la compétition.

 

Malgré ses défis, la CAN demeure un catalyseur puissant pour l'unité africaine, célébrant la richesse de la diversité tout en façonnant une identité collective forte et fière. En dépit des perturbations, la quête de splendeur de la CAN se poursuit, animée par la passion du football, la résilience face aux obstacles et la vision de l'Afrique comme un acteur majeur sur la scène mondiale du sport. 

 

La route vers la splendeur peut être parsemée d'embûches, mais elle est également pavée d'opportunités d'innovation, de collaboration et de progrès continus à condition que l’ensemble des pays avance en ayant le même code.

 

Paul Bucheton

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