Quentin Tarantino : Le cinéphile cinéaste

 

Jason Hellerman

 

Arrêtez une personne dans la rue et demandez lui qui est son réalisateur préféré, trois noms ressortiront à coup sûr, Tim Burton, Steven Spielberg et sans surprise Quentin Tarantino. Qui n’a jamais vu un film de Tarantino ou simplement entendu parler de lui ? Si ce n’est pas déjà le cas, je vous invite vivement à découvrir l’un de ses long-métrages. 

 

En seulement 9 films, ce réalisateur américain a réussi à devenir une légende du cinéma, réinventant le 7ème art comme jamais auparavant. Tarantino choque en bousculant la règle de bienséance et c’est ce qui fait de lui l’un des réalisateurs les plus populaires de ces dernières décennies. 

 

Mais alors comment a-t-il fait ?

 

Depuis ses débuts dans l’industrie cinématographique, Quentin Tarantino s’est imposé comme l’un des réalisateurs les plus audacieux et les plus influents de sa génération. A travers une carrière jalonnée de films plus emblématiques les uns que les autres, il a su captiver les spectateurs du monde entier grâce à un style visuel unique, une narration non conventionnelle et une maîtrise incomparable de la tension dramatique. 

 

En effet, l’une des signatures distinctives du réalisateur est sa structure narrative non linéaire, souvent articulée à travers des chapitres ou des segments aux titres énigmatiques. Pulp Fiction (1994) par exemple est composé de trois parties, Vincent Vega & Marsellus Wallace’s Wife, The Gold Watch et The Bonnie Situation, centrées chacune sur un personnage autour duquel gravitent d’autres personnages qui auront à la suite leur propre partie. Il parvient à tisser habilement des fils narratifs complexes, offrant aux spectateurs une expérience cinématographique riche et immersive. Dans Kill Bill (2003/2004), le passage d’un chapitre à l’autre de façon aussi brutale que non chronologique chamboule la narration du film et permet au réalisateur de maintenir les spectateurs en haleine. Cette marque de fabrique, aussi singulière que inattendue, montre parfaitement la virtuosité de Tarantino qui conserve tout au long de ses œuvres une tension dramatique extrême.

 

Tarantino explore la violence sous toutes ses facettes et possède la capacité de la sublimer en utilisant des scènes d’un esthétisme jouissif. Il ne le fait pas dans la dentelle, loin de là ! La violence est pour lui un véritable instrument qui éveille chez les spectateurs des émotions contradictoires tout au long de ses réalisations. Elle n’est pas utilisée comme un simple spectacle pour divertir, la violence révèle des aspects profonds chez les personnages. Dans Inglorious Basterds (2009), Tarantino n’hésite pas à sacrifier toute une famille afin d'insister sur la cruauté des nazis durant la Seconde Guerre Mondiale et également  pour exprimer les envies de vengeance du personnage principal. Il parvient à défier les attentes du public en jouant sur la brutalité de ses scènes plus que sanglantes. Il sculpte la violence de manière délibérée et stratégique pour surprendre et déstabiliser les spectateurs.

 

Mais ce qui le démarque des autres réalisateurs, c’est son talent pour créer des récit où se mêle violence, humour et musique l’humour. Once Upon a Time in Hollywood (2019) en est le parfait exemple, ce film raconte l’histoire d’un acteur et de son cascadeur qui s’efforce d’atteindre la gloire et le succès dans l’industrie cinématographique au cours de l’âge d’or d’Hollywood en 1969. Il est teinté d’humour et de nombreuses références pop-culture de cette époque accompagné sans surprise d’une bande son magistrale. 

 

La violence chez le réalisateur n’est pas simplement un moyen de choquer ou de repousser les limites mais se caractérise dès lors comme un véritable outil narratif qui enrichit ses récits et suscite une réflexion profonde sur la nature humaine et la société. Pour vous donnez un chiffre car vous êtes gourmands, Tarantino aurait tué 563 de ses personnages en 9 films, je vous laisserai le soin de vérifier par vous même.

 

En outre, Quentin Tarantino est un maître dans l'art de composer des plans visuellement saisissants qui captivent l'attention du spectateur. Son utilisation audacieuse de la caméra, combinée à une esthétique riche en couleurs et en détails, crée des images qui restent gravées dans la mémoire longtemps après que le générique de fin ait défilé. Dans Pulp Fiction, par exemple, la scène de danse entre Vincent Vega et Mia Wallace au Jack Rabbit Slim's est un véritable festival visuel, un chef d'œuvre cinématographique devenu aujourd’hui une référence pour tous les cinéphiles. Avec ses couleurs vives, ses jeux de lumière et son montage dynamique qui évoquent l'effervescence de la culture pop des années 1950, Tarantino parvient à faire ressentir cette ambiance euphorique dans laquelle sont plongés les personnages. De même, dans Kill Bill, Tarantino fait un usage novateur de la couleur pour distinguer les différents chapitres du film, chacun ayant sa propre palette distinctive qui renforce l'atmosphère et le ton de chaque segment. 

 

Quant à la longueur des scènes, Tarantino défie souvent les conventions en optant pour des séquences prolongées qui permettent aux dialogues de se dérouler de manière naturelle et immersive et qui parfois font monter la tension entre les personnages et les spectateurs eux-mêmes. Un exemple emblématique est le dîner dans Django Unchained (2012), qui dure plus d’une vingtaine de minutes mais reste captivant grâce à son écriture acérée et l'alchimie palpable entre les acteurs. Cette tension est également présente au moment de la longue discussion au bar dans Inglorious Basterds. 

Enfin, le réalisateur se démarque par l'utilisation de scènes animées, comme dans Kill Bill, qui ajoute une dimension supplémentaire à son récit déjà audacieux. La séquence animée qui raconte l'histoire tragique d'O-Ren Ishii dans un style graphique distinctif évoque les bandes dessinées japonaises et renforce le caractère épique et mythique de l'histoire. En combinant habilement ces éléments visuels et narratifs, Tarantino crée un univers cinématographique unique où chaque plan, chaque couleurs et chaque scènes contribuent à tisser une toile complexe qui captive l'imagination du public et le transporte dans des mondes où la réalité frôle souvent le surréalisme. 

 

Par ailleurs, certaines de ses prises de vues sont devenues véritablement légendaires, je pense évidemment à l’utilisation de la première personne en contre-plongée présente dans tous ses films. Les personnages de Tarantino sont devenus des icônes de la culture populaire, grâce à des dialogues ciselés et des performances d'acteurs remarquables. Des personnages comme Jules Winnfield dans Pulp Fiction, le colonel Hans Landa dans Inglourious Basterds ou encore Beatrix Kiddo dans Kill Bill restent gravés dans la mémoire collective pour leurs répliques mémorables et leur présence magnétique à l'écran.

 

L'héritage de Tarantino dans l'histoire du cinéma est indéniable. Ses films ont remporté de nombreux prix prestigieux, dont plusieurs Oscars, Palme d’or et ont influencé toute une génération de cinéastes. En repoussant les limites du genre et en défiant les conventions, Quentin Tarantino continue de marquer de son empreinte l'histoire du cinéma moderne, confirmant ainsi sa place parmi les plus grands réalisateurs de tous les temps. Il prévoit très prochainement de tourner son prochain film mais a par ailleurs annoncé que celui-ci sera le dernier. 


Romuald Jacquet

Évaluation: 5 étoiles
5 votes

Créez votre propre site internet avec Webador