Un nouveau projet d’exportation de méthane aux Etats-Unis passé sous silence aux conséquences écologiques dévastatrices 

 

~filth~filler~, CC BY 2.0 , via Wikimedia Commons

 

1. 

Venture Global a annoncé en 2021 leur nouveau projet: CP2 LNG. Celui-ci consiste en la création d’un terminal d'exportation de méthane, s’étalant sur 2.21 km² en Louisiane, sur un site adjacent à leur projet ‘Calcasieu Pass’ déjà en place. 

 

Venture Global est une entreprise américaine spécialisée dans la production de gaz naturel liquéfié (LNG). Leur but est de proposer ces gazs à des prix moindres pour sa clientèle. L’entreprise se situe plus précisément en Louisiane où elle développe 4 différents projets qui produisent assez de gaz liquéfiés pour une clientèle mondiale. De plus, la firme dispose de filiales à travers le monde, renforçant donc sa place internationale. Enfin, bien que faisant partie d’une des industries les plus polluantes, l’entreprise cherche à convaincre de sa sensibilisation écologique et des mesures qu’elle développe pour la préservation de l’environnement. Mais alors s’agit-il d’une réalité ou de greenwashing? c’est ce que nous allons chercher à savoir.

 

Le projet CP2 LNG est un projet d’exportation de méthane qui aurait la capacité de produire 20 millions de tonnes métriques de gaz par an.  Le méthane est un gaz à effet de serre, plus polluant encore que le charbon. Il retient encore plus la chaleur que le CO². Il contribue donc massivement au réchauffement climatique et dégrade la qualité de l’air. Sans ajouter qu’il a des effets très néfastes sur la santé; il peut être la cause de maladies cardiaques ou encore de cancers. 



2.

Mais alors, quelles sont les conséquences prévisibles de ce projet? 

 

Nous l’avons dit, le projet CP2 LNG impacte notre santé tout comme notre environnement. L’ampleur des conséquences de l’utilisation de gaz naturel liquéfié n'est pas à négliger. L’ONG Greenpeace a estimé que “l’industrie des énergies fossiles et les services qui y sont liés sont responsables de 86 % des émissions de CO₂ dans le monde”. Aux USA, les émissions de dioxyde de carbone des installations de gaz naturel liquéfié ont atteint aujourd’hui un chiffre de 18 millions de tonnes par an, soit une hausse de 81 % depuis 2019. Ce chiffre pourrait plus que doubler pour atteindre une production de 45 millions de tonnes de CO² d’ici la fin de la décennie. Cette augmentation s’explique par des enjeux géopolitiques; depuis le conflit en Ukraine les pays Européens ont dû se tourner vers le gaz Américain à la place du gaz Russe pour répondre à leur besoin

 

Enfin, les émissions de CO² dûes à l’exportation des LNGs ne représentent qu’une partie de l’impact climatique global, il faut également prendre en compte les accidents: cas de fuite du méthane, le transport et la distribution, avant même d’inclure la pollution générée par l’utilisation du gaz. 

 

Mais bien sûr, ce n’est pas tout! Ce projet va aussi impacter la faune et la flore locales. Tout d’abord par la construction des installations du projet qui empiète sur un territoire naturel (le terminal étant situé proche d’un refuge faunique), puis par les émissions de leur activité, qui impactera notamment les lamantins, une espèce locale. On pourrait donc (et certains le font déjà) qualifier ce projet de ‘bombe climatique’, soit une activité qui participe à l’accélération du réchauffement climatique, l’idée d’un projet ‘vert’, que l’entreprise défend, semble alors bien loin…

 

Et c'est pourtant un projet qui est jusque-là plutôt passé sous silence. En effet, dès 2021, la compagnie publie des lettres informant de son projet et en avril 2023, les constructions débutent,  sans aucune couverture médiatique.  Ce manque d'attention médiatique pourrait s’expliquer par celle accordée à contrario au projet Willow. Un projet pétrolier, situé en Alaska, lui aussi aux conséquences désastreuses sur l’environnement, qui plus est dans une région du monde aujourd’hui en crise et dont la préservation est un enjeu mondial. Ce projet a beaucoup plus fait parler de lui, notamment parce qu’il a été approuvé par l’administration Biden, qui avait pourtant fait de la défense de l’environnement un élément phare  de sa campagne.

 

Alors certes, on peut considérer que ce projet est aux Etats-Unis et qu'il ne nous affecte pas en France. Pour autant, la France se plaçait en 2022 en première place des pays receveur de LNG exportés par les USA, récoltant jusqu’à 15% du volume total. Nous sommes donc directement impliqués par ce projet, en tant que bénéficiaire, et nous contribuons ainsi  à la pollution des gaz à effet de serre, malgré des politiques qui promettent de se tourner vers un horizon et des énergies plus vertes. 

 

Un autre élément passé sous silence serait le greenwashing de l’entreprise. En s’informant sur le projet CP2 LNG, on tombe rapidement sur les propos de Venture Global qui affirme que le projet sera mené en considérant les enjeux sociaux et environnementaux. Pourtant, dans le développement de leurs démarches, aucune action concrète n’est faite pour réduire leur impact environnemental, cela se comprend, la production de gaz n’est pas tout à fait écologique. Ce n’est qu’en approfondissant nos recherches qu’une lueur d’espoir apparaît…

 

Venture Global a annoncé son intention de développer un projet de captage et de séquestration du carbone (CSC) en lien avec le projet CP2. Ce projet de  captage consisterait à comprimer le CO² produit directement sur place puis à l'injecter dans les profondeurs des aquifères salins souterrains où il sera stocké en permanence. Au total, Venture Global prévoit de séquestrer 1 million de tonnes de carbone par an, soit l'équivalent du retrait de près de 200 000 voitures de la route chaque année pendant 20 ans (l’échelle; mondiale ou locale, n’est pas précisée). Si ce projet réussi, il serait le premier de la sorte aux Etats-Unis. 

 

N’étant pas experte sur le sujet du stockage de CO² dans les aquifères salins souterrains, je ne peux vous dire si ce projet est réellement une initiative efficace favorable à l’environnement. 

 

Mais d’autres solutions écologiques existent; nous avons évoqué le fait que la France était une grande bénéficiaire de l’export des LNGs, pourtant elle est engagée par des accords internationaux (COPs) à réduire son empreinte écologique et se tourner vers des énergies renouvelables et plus respectueuse de la nature. Élaborer ce type d'énergie sur notre territoire serait donc bien plus avantageux qu’un projet qui se veut plus vert mais qui reste de l’autre côté de l’Atlantique. 

 

La question de greenwashing ou non de l’entreprise n’est malheureusement pas complètement tranchée, reste à voir avec le déroulement du projet dans le temps et l’avancée de la conscience écologique au sein des politiques. 

 

Aimy Flatt 

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