Brigade Anne de Kyiv : le nouveau jouet cassé d’un président capricieux

Emmanuel Macron a l'art de transformer la diplomatie en un grand défilé de photos et de gestes spectaculaires. Pour lui, la scène internationale est une vaste couverture médiatique où chaque rencontre est un coup à jouer. Prenons le dîner à la Tour Eiffel avec Donald Trump en 2017 : un véritable show où la scène était plus importante que la substance. Sous les projecteurs, Macron s’est rêvé en chef d’État, prenant soin de poser dans un cadre national iconique. Le résultat ? Un éclat médiatique temporaire, mais un Trump qui, au final, n’a jamais vraiment pris son rôle au sérieux.

 

Aussi, comment omettre cette rencontre la même année avec Vladimir Poutine à Versailles, dans la Galerie des Glaces. Macron, dans sa posture de Mozart de la diplomatie, pensait sans doute impressionner le Kremlin par cette somptueuse réception , malheureusement notre président ne faisait que poser pour la photo. Le grand discours de réconciliation européenne s’étant vite effondré sous le poids de la réalité géopolitique. 

 

Cette "diplomatie Instagram", où tout se résume à des gestes calculés et des sourires impeccables, a bien souvent pris le pas sur l’essentiel. Après tout, une belle photo est plus facile à obtenir qu’un traité solide.

 

Alors quand la contre-offensive Ukrainienne se révèle être un échec et que la guerre fratricide entre l’Ukraine et sa mère patrie Russie s’enlise d’un côté comme de l’autre, notre président tient la solution ! Macron, toujours avide de coups médiatiques, décide de ne plus se contenter de fournir une aide militaire standard. Non, il enfile son manteau de général d’armée, prend la pose devant les caméras, et propose une solution drastique : créer une brigade entière, formée et équipée par la France !

 

Après tout, une brigade, ça sonne bien, et davantage encore lorsqu’on la nomme Anne de Kyiv , reine des Francs et épouse d’Henri 1er. Une grande idée, un grand nom, une promesse de renforts : que demande le peuple ! Macron réussit alors sa première phase, l’annonce. Avec ce nom royal et son allure de grande cause, il semble avoir trouvé la recette pour capter l’attention des médias, séduire ses alliés et surtout se donner une stature de leader mondial. 

 

Mais pourquoi personne d’autre ne tente une telle approche ? Est-ce parce que l’idée est si géniale que seul Emmanuel Macron a su l’imaginer ? Ou parce que d’autres pays ont compris que le terrain ukrainien n’avale plus de bataillons qu’il n’en recycle ? Dans l’ombre de cette grande annonce, une réalité demeure : après deux ans de guerre, les forces ukrainiennes sont épuisées, les lignes reculent inexorablement, et cette brigade Anne de Kyiv, malgré tout l’enthousiasme officiel, pourrait bien n’être qu’un chapitre de plus dans la longue liste des projets diplomatiques éclatant mais sans lendemain.

 

Alors, le 9 Octobre dernier, la nouvellement créée 155ème brigade mécanisée reçoit la visite de son mécène au camp de Mourmelon dans la région Grand-Est. Emmanuel Macron voit ainsi pour la première fois son jouet, plus de 2000 soldats avec de superbes uniformes flambants neufs. Il contemple son armée avec un sourire satisfait, comme un gamin qui aurait enfin réuni toutes les figurines de sa collection. Avec tous ces petits bonhommes verts, notre président rêve de faire la guerre au grand méchant loup russe et il en a désormais les moyens.

 

Le décor est planté : une armée, des blindés, des officiers en treillis, et un président ravi d’enfiler le costume du protecteur du monde libre. Mais derrière cette mise en scène, la réalité est toute autre.

 

Derrière les grands discours et les fanfaronnades d’Emmanuel Macron, c’est un pari cynique qui se joue. Aveuglé par son obsession d’exister sur la scène internationale, il a engagé par hybris la création d’une brigade avec précipitation, transformant le destin de milliers d’hommes en instruments d’un coup de com’. 

 

En réunissant à la hâte des recrues inexpérimentées, parfois enrôlées par la force, sous le commandement d’officiers n’ayant jamais combattu ensemble et sans la moindre cohésion, c’est un véritable chaos organisationnel qui a émergé. Pour toute préparation, neuf petites semaines de formation avant un aller simple pour Pokrovsk, l’un des derniers bastions ukrainiens du Donbass. 

 

Le 7 décembre 2024, la députée ukrainienne d’opposition Mariana Bezouhla jette un pavé dans la mare en dénonçant publiquement ce que beaucoup pouvaient déjà pressentir : la brigade Anne de Kyiv n’étant qu’une illusion. Une « brigade zombie », une « brigade de papier », comme elle l’appelle, formée à des fins publicitaires plus que militaires. Cette révélation accable non seulement l'État-major ukrainien, mais surtout Emmanuel Macron, qui s’était fait le promoteur enthousiaste de cette unité. Derrière la communication officielle et les photos léchées, la réalité est bien plus froide: la brigade n’a jamais eu les moyens d’être une force cohérente, et les hommes qui la composent ont été envoyés au combat sans la structure ni le soutien nécessaires.

 

Face à un échec inéluctable, les désertions ont pris une ampleur inquiétante. En France, lors de la formation 55 soldats furent déclarés introuvables, signe de  la rupture de confiance au sein de la brigade Anne de Kyiv. Seulement, c’est au retour sur le sol Ukrainien que la situation prit une tournure irrémédiable, plus de 1500 soldats disparurent, un chiffre représentant près d’un tiers des effectifs totaux de la brigade illustrant le désaveu général. 

 

Plutôt que de servir de chair à canon dans un projet mal conçu, ces hommes ont choisi de fuir ce qu’ils percevaient comme un piège. Ces désertions massives ne sont pas simplement le symptôme d’un échec militaire, mais la conséquence directe d’une gestion désastreuse d’une brigade mal formée et mal encadrée, abandonnée par un commandement indifférent. Elles représentent plus qu’une défaite sur le terrain, elles témoignent d’une tragédie stratégique et humaine, un caprice présidentiel. 

 

La brigade Anne de Kyiv a été dissoute le 4 janvier 2025 après avoir subi de lourdes pertes et une vague de désertions massives malgré que officiellement elle maintient ses positions aux abords de Pokrovsk. En réalité, elle n’est plus qu’un vestige de ce qu’elle aurait dû être. 

 

L’échec absolu de cette unité, marquée par une gestion chaotique et des abus de pouvoir de la part de ses officiers, a conduit les autorités ukrainiennes à réaffecter les hommes et les équipements restants dans d’autres brigades. La brigade Anne de Kyiv n’est plus que l’ombre d’elle-même. Ce fiasco, pourtant présenté comme un projet militaire d’envergure, n’était en réalité qu’un jouet pour un président obsédé par son image, un caprice d’Emmanuel Macron qui, sous le prétexte de renforcer l’armement français et ukrainien, a sacrifié des vies humaines pour flatter son ego. Les soldats, eux, ont payé le prix fort d'une ambition mal orientée.

 

Mais n'oublions pas : tout cela a un coût. 

Souriez, c'est vous qui payez.

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