La caroline du Nord, cet État pivot qui pourrait bien faire basculer les élections états-uniennes

 

 

Pendant des élections aussi serrées et aussi importantes pour l’avenir des États Unis  et du monde, chaque grand électeur compte et peut tout faire basculer. La Caroline du Nord en compte 16 sur 538, elle constitue donc un enjeu majeur que les deux candidats ont tenté de rallier à leur cause. 

 

Déjà en 2008 la victoire démocrate semblait impossible, Barack Obama avait réussi à créer l’exploit en s’imposant dans la région avec une petite avance de 0,33 point, avec cette victoire inespérée, il interrompt ainsi une série de victoires républicaines qui durait depuis 1976.

 

Autre fait déterminant, lors de la dernière campagne, la Caroline du Nord a été le seul swing state remporté par Trump, l’enjeu est donc de taille. S’il ne gagne pas celuici les autres seront encore plus dure à gagner, mais si l’état reste rouge, ce sera un signe encourageant pour son camp 

 

La Caroline du Nord est un enjeu majeur de cette élection dans lequel les deux candidats jettent toutes leurs forces et multiplient les apparitions. Comme l’explique Michael Bitzer, chargé du département de politique à l'université de Catawba, le vote se joue dans les grandes villes de l’état, à savoir Raleigh et Charlotte qui concentrent la majeure partie de la population et cristallisent donc les problèmes auxquels l’état fait face. Néanmoins étant donné que l’agriculture est la principale source de richesse devant l’industrie de l’armement, la position des candidats face aux problèmes de la ruralité n’est pas négligeable. 

 

La stratégie de Kamala Harris 

 

Pour convaincre largement et encourager les gens à se déplacer, les deux candidats ont utilisé des stratégies ciblées sur des catégories de la population.  

 

Kamala Harris se concentre sur les jeunes (qui représentent 42 % des votants ) et sur les électeurs ruraux. Elle espère ainsi parvenir à créer un engouement suffisant pour augmenter le nombre de votant. En effet, il reste une partie de la population à convaincre. Aux dernières présidentielles sur 7 360 000 votants, 5 500 000 se sont présentés devant les urnes, ce qui laisse 15% d'abstention. 

 

Elle se rend en premier lieu dans les endroits qu’elle se sait acquise comme le comté de Pasquotank ou un tiers de la population est africaine-américaine. Harris compte également sur les populations hispaniques et afro-américaines de la région, elle avait par exemple proposé des mesures spécifiques pour certaines catégories de la population. Néanmoins l’inflation présente sous le gouvernement Biden joue en sa défaveur et pousse les populations les plus pauvres à voter pour Trump qui promet de faire baisser le coût de la vie. En effet la Caroline du Nord est le 17eme état le plus pauvre et donc un des plus sensibles au populisme économique. 

 

Les enjeux décisif pour les républicains

 

Pour les républicains deux enjeux seront décisif, tout d'abord le passage de l’ouragan Hélène qui amajoritairement frappé la partie républicaine de l’état. S’ils ne veulent pas perdre de précieuses voix, les républicains se montrent donc présent sur le terrain pointant du doigt la responsabilité de l’administration Biden en lui attribuant tous les maux dont même la provenance de l’ouragan pour les plus conspirationnistes. La députée Marjorie Taylor Green a même écrit sur X, “ yes they can control the weather” 

 

Depuis le passage de la tempête, des comptes très influents dans les milieux MAGA ( make america great again ) et QANON relaient des fake news expliquant que les fonds d’aide pour les victimes de l’ouragan sont utilisés pour les migrants illégaux.

 

De plus 250 000 républicains modérés avaient voté pour Nikki Haley une candidate plus mesurée, leurs voix pourraient donc se déporter sur Harris qui apparaît plus au centre que son adversaire.

 

Un des autres enjeux majeurs pour Trump résidait dans l'élection du gouverneur, celui qui se présentait en Caroline du Nord ,Mark Robinson, a perdu beaucoup de points dans les sondages après la parution d’un documentaire CNN qui l'accusait d’avoir publié des commentaires nazis pro-esclavagistes sur un site pornographique. Ce genre d'affaires dont même Trump a dû se désolidariser contribuent à lui faire perdre le soutien du républicain modéré. 

 

 Une campagne marquée par des thème sociaux 

 

Si les thèmes sociaux apparaissent moins importants pour les américains que l'économie ou la politique internationale, certaines thématiques  ont rythmé les débats pendant cette campagne. 

 

C’est le cas de l’arrêt Roe vs Wade qui consacrait la liberté à l’avortement et qui a chuté, entrainant la pénalisation de l’avortement dans de nombreux état conservateurs. 

 

Depuis 1 an, les lois concernant l’avortement se sont durcient, le délai est passé de 20 semaines à 12, de même les obstacles et les complications administratives sont désormais monnaie courante. Dans la région, les états plus au sud ont tous sans exception pris des mesures pour compliquer le droit à l’avortement. Ainsi cette mesure est un élément important de la campagne, Kamala Harris a d'ailleurs misé dessus pour convaincre les électrices en en faisant un véritable argument.  

 

Sur ce point, la candidate est en avance, sa force repose sur des groupes clés qui, espère-t-elle, seront présents en masse pour la soutenir le jour du scrutin. Parmi les jeunes de 18 à 29 ans, près des trois quarts déclarent faire confiance à Harris sur cette question. Parmi les électeurs noirs, 83 % lui font confiance et parmi les électeurs hispaniques, ce chiffre est de 63 %.

 

Néanmoins pour l’instant la bataille est loin d’être gagnée, depuis 1 semaine, D.Trump la devance de  0,5 point, un score qui semble dérisoire mais qui pourrait faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre 

 

Gauthier