Donald Trump “Back in Office”: le basculement des Etats-Unis dans une nouvelle ère Trumpiste

“Il y aura du sang sur les murs s’il est réélu”, prédisait Gérard Araud, ancien ambassadeur de la France aux Etats-Unis, concernant l’élection de Donald Trump comme président des Etats-Unis. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche pour un second mandat après sa victoire face à la candidate démocrate Kamala Harris, avec 312 grands électeurs revendiqués contre seulement 226 pour Harris, malgré l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, l’affaire Stormy Daniels et l’accusation d’agression sexuelle avec la complicité du criminel sexuel Jeffrey Epstein, représente pour lui une nouvelle opportunité de faire s’effondrer la démocratie américaine. Donc, les structures démocratiques des Etats-Unis et la population étasunienne se trouvent profondément menacées par l’élection de Trump.
Suite aux élections présidentielles américaines de la nuit du 5 au 6 novembre, Trump a désormais toutes les chances de son côté pour appliquer son programme d’extrême-droite, qui diffère cependant sur certains aspects de l’idéologie historique du Parti républicain. Cette victoire s’inscrit dans un contexte plus large : celui de la montée des partis d’extrême-droite voire des idéologies “néo-fascistes” dans les pays occidentaux et la croissance du populisme qui prennent en proie les démocraties. Ainsi, il est possible de dire que les Etats-Unis rebasculent dans une ère “néo-trumpiste” avec le nouveau programme de Trump.
Le but de cet article est avant tout de proposer des réflexions autour de cette personnalité politique fortement controversée et de retracer le bilan désastreux des quatre années de trumpisme, afin d’expliciter les nouveaux enjeux d’une ère “néo-trumpiste” depuis son élection à la Maison-Blanche.
Quelques réflexions autour de Donald Trump
- Trump entre symbole de l’American Dream et le messianisme
Donald Trump incarne avant tout un véritable cliché de l’American Dream. Héritier d’une entreprise immobilière new-yorkaise, il la transforme en un empire mondial malgré six faillites et une amende de 355 millions de dollars infligée pour une série de fraudes financières au sein de la Trump Organization, ce qui a fini par éloigner de lui de nombreux financiers traditionnels. Les Trump Towers à travers le monde symbolisent une réussite financière largement attribuable à la fortune de plusieurs dizaines de millions de dollars léguée par son père. Ainsi, ses discours populistes, qui rejettent les élites dans le but de capter un maximum de votes, révèlent une profonde hypocrisie, car lui-même appartient à cette catégorie qu’il critique. Cependant, Trump semble également s'éloigner de l’idéal du rêve américain et incarne davantage une figure anti-American Dream. En effet, la conception mythique de l’American Dream repose sur des valeurs telles que l’inclusion, la méritocratie et l’égalité des chances. Or, Trump représente plutôt l’exclusion, le népotisme et un système de privilèges, reflet d’un capitalisme sauvage à l’américaine.
Ainsi, Donald Trump est apparu, aux yeux de nombreux Américains, comme le président idéal, doté de la capacité de « sauver » le pays de l’effondrement. Cette croyance en une personnalité messianique est un phénomène social croissant dans de nombreux pays. C’est notamment le cas pour Donald Trump qui a renforcé son statut par l’instrumentalisation de la tentative d’assassinat dont il a été la cible lors du meeting qu’il tenait à Butler, en Pennsylvanie, le 13 juillet 2024. Trump est particulièrement perçu comme un messie américain par une fraction minoritaire de l’extrême-droite américaine, composée de complotistes, qui voient en lui bien plus qu’un simple leader politique : un véritable sauveur des États-Unis et un protecteur du peuple américain. Cette dimension quasi-messianique est également perceptible dans certains de ses discours, notamment lorsqu’il déclare : « We will make America proud again. We will make America safe again. And we will make America great again. » Ainsi, le slogan MAGA (Make America Great Again) lui confère une “aura” messianique, amplifiant encore son statut auprès de ses supporteurs les plus fanatiques. L’élection de Donald Trump à la Maison Blanche comme le 47e président des Etats-Unis révèle que le trumpisme n’est désormais pas une simple idéologie politique radicalement conservatrice. C’est une véritable religion avec des croyants dangereusement fanatiques.
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Trump est-il une barrière à la féminisation du pouvoir des Etats-Unis ?
De plus, Donald Trump incarne le plafond de verre qui entrave l’ascension d’une femme à la présidence. Il a constitué un obstacle symbolique pour les deux candidates démocrates, Hillary Clinton en 2016 et Kamala Harris en 2024. Cet obstacle se manifeste principalement par la méfiance d’une majorité de la société américaine envers l’idée d’une présidente femme et afro-américaine, ce qui met en lumière le sexisme et les préjugés raciaux systémiques, révélés par l’intersectionnalité. Ces dynamiques profondément ancrées dans la société américaine justifient la pertinence de la "Critical Race Theory" (CRT) fortement critiquée. Cela met également en évidence les limites du "Civil Rights Movement" et les inégalités persistantes malgré les avancées historiques. Les Américains préfèrent encore élire un Président visé par trois procédures pénales et coupable d’abus sexuels plutôt qu’une femme afro-américaine.
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Est-il correct de qualifier le trumpisme d’idéologie néo-fasciste
Enfin, la qualification de l’idéologie trumpiste comme fasciste est un point de débat controversé. Cependant, depuis le tournant pris par le trumpisme après l’invasion du Capitole – qui n’était rien d’autre qu’une incitation à la violence civile contre l'une des institutions démocratiques principales des États-Unis –, cette étiquette devient à mon avis nécessaire. En parlant de fascisme, il ne s’agit pas d’une référence au régime fasciste tel que conçu par Mussolini dans les années 1920, mais à une idéologie plus diffuse et menaçante, qui peut se manifester au sein des systèmes démocratiques et qui conserve des caractéristiques communes.
Le fascisme se distingue avant tout par la peur de la différence et la justification de la violence contre les opposants. Cela correspond parfaitement à la rhétorique xénophobe et raciste de Trump, qui a qualifié les Haïtiens de "mangeurs de chiens et de chats" et les Mexicains de "criminels" et de "violeurs". Cette rhétorique s’apparente à la recherche de boucs émissaires sur lesquels Trump rejette tous les maux de la société américaine. Durant sa campagne de 2024, Trump a même évoqué "l’ennemi parmi nous" (“the enemy from within”), une expression qui ne désigne pas seulement les immigrés et les étrangers, mais aussi toute personne opposée à l’idéologie trumpiste, en particulier les démocrates. Un autre aspect du fascisme qu’il faut souligner, c’est les controverses qu'il a suscitées par ses propos sur Hitler. Selon John Kelly, ancien chef de cabinet de la Maison Blanche, Trump aurait déclaré que Hitler avait aussi fait "des choses bonnes" et qu'il "avait besoin du genre de généraux qu’avait Hitler". Trump est également connu pour ses propos fortement hostiles envers les personnes handicapées, selon Fred Trump, neveu de Donald Trump, il aurait dit que “les handicapés devraient mourir”.
La seconde caractéristique la plus importante de l’idéologie fasciste est le culte du chef qui est rendu possible par une propagande intense du régime trumpiste relayée fortement par les réseaux sociaux et par la chaîne télévisée Fox News grâce à son alliance avec Rupert Murdoch, et passe également par les “goodies” permettant de faire la promotion du régime trumpiste tout en rendant cette caractéristique du fascisme plus répandue via une logique de vent capitaliste.
Nous pouvons citer d’autres caractéristiques comme le culte de l’action, avec une citation de Trump lors d’un rassemblement politique à Greensboro, Californie du Nord : “Vous savez ce qui est le meilleur moyen d’arrêter une dépression ? Travailler comme des fous.” (Traduction de : “You know the best way to stop depression? Work your a*s off”). Un rapport de domination aux femmes convient également bien au nouveau président, comme le montre une vidéo datant de 2005 : “Quand tu es une star, ils te laissent faire. Tu peux faire ce que tu veux. Les attraper par la ch*tte.” (Traduction de : “When you’re a star, they let you do it. They let you do anything. Grab them by the p*ssy”.)
Repérer les morceaux du fascisme permet au final d’affirmer que le trumpisme est bien une idéologie qui a des points empruntés fortement au fascisme et donc un véritable danger pour les Etats-Unis pouvant générer de fortes instabilités à l’échelle internationale. Il s’agit d’un fascisme qui se rapproche davantage de la conception du philosophe et universitaire italien Umberto Eco qui cite dans son essai Reconnaître le fascisme publié en 1995:
“Ce serait tellement plus confortable si quelqu’un s’avançait sur la scène du monde pour dire : “Je veux rouvrir Auschwitz, je veux que les chemises noires reviennent parader dans les rues italiennes !” Hélas, la vie n’est pas aussi simple. Le fascisme est susceptible de revenir sur les apparences les plus innocentes, et notre devoir est de le démasquer, de montrer du doigt chacune de ces nouvelles formes.”
Quatre années avec Trump à la tête de la superpuissance mondiale : quel bilan ?
- Un passage de l'interventionnisme à l’isolationnisme
Avant l’avènement de Trump au pouvoir le 20 janvier 2017, le Parti Républicain se caractérisait par une longue tradition libre-échangiste et interventionniste à l’extérieur du territoire américain. Trump bouleverse cette tradition et rend le parti isolationniste sur tous les plans pour exacerber son programme nationaliste d’extrême-droite. Trump semble ainsi prôner une séparation nette entre l’hémisphère américain et le reste du monde souligné par le slogan “America First”. Il s’agit d’un véritable retour à la Doctrine Monroe.
- Bilan économique trompeur, une véritable catastrophe:
La politique économique de Donald Trump est ouvertement protectionniste et remet en question le libre-échange mondial, bien qu’il le défende dans une vision où seule l’industrie semble importer. Cette politique se traduit par une augmentation de 25 % des taxes douanières sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium, dans le but de réduire les importations européennes et chinoises afin de promouvoir l’économie locale. Cependant, ces mesures ont entraîné une escalade des politiques protectionnistes, notamment sur des produits stratégiques, dans des pays comme le Canada, le Mexique et la Chine. Ces derniers ont, à leur tour, instauré des droits de douane sur des produits américains.
Ce protectionnisme s’est également illustré par la relocalisation de certaines industries américaines, bien que cela ait renforcé le déficit budgétaire en raison des coûts élevés de la production domestique, compromis du « rêve protectionniste » de Trump. Ces politiques ont contribué à la déstabilisation et à la fragilisation des économies européennes, asiatiques et américaines, en négligeant l’interdépendance mondiale.
Le mandat de Trump s’est aussi caractérisé par une vague de dérégulation, typique du Parti Républicain, accompagnée de réformes destinées à attirer un maximum d’investissements. Les États-Unis ont ainsi connu la plus forte baisse d’impôts depuis des décennies, ce qui a entraîné une explosion des inégalités de revenus au sein de la société. En 2019, 1 % des Américains les plus riches détenaient 39 % de la richesse nationale, tandis que les plus pauvres n’en possédaient qu’à peine 1 %.Bien que cette dynamique ait contribué à créer des emplois pour l’électorat de Trump et à réduire le taux de chômage, notamment dans la « Rust Belt », cet effet reste essentiellement de court terme. La croissance économique enregistrée sous son mandat peut être remise en question à long terme. Les États-Unis ont fortement creusé leur dette publique, dépassant les 100 % du PIB, et ont subi des conséquences néfastes comme l’intensification de la paupérisation et l’exacerbation des inégalités de revenus, dues à une mise en avant extrême des dynamiques de marché au détriment de la justice sociale et de l’équité.
On ne peut évoquer le trumpisme sans mentionner la guerre commerciale avec la Chine, qui a eu un impact significatif sur l’économie américaine. Dès son premier mandat, les États-Unis se sont engagés dans cette guerre, marquée par des tensions croissantes. L’accord de « phase 1 » signé en 2020 avait pourtant suscité l’espoir d’un apaisement. Cet accord prévoyait l’engagement de la Chine à acheter 200 milliards de dollars de biens américains supplémentaires et à accorder davantage de libertés aux entreprises américaines sur son marché intérieur.
Cependant, en pleine crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a condamné les États-Unis en 2021 pour certains tarifs douaniers imposés au pic de cette guerre commerciale. Cette confrontation a eu des répercussions négatives sur l’économie américaine : elle a contribué à la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs à cause de la hausse des prix liée à l’augmentation des coûts de production, et elle a lourdement affecté l’industrie agricole, notamment en raison des tarifs douaniers imposés par la Chine sur les produits agricoles américains en guise de riposte.
- Bilan environnemental plus que catastrophique:
L'élection de Donald Trump a eu des implications profondes sur la politique environnementale et climatique des États-Unis. Sa victoire a marqué un changement significatif dans la position du gouvernement fédéral sur le changement climatique, avec des promesses de campagne centrées sur l’assouplissement des réglementations environnementales, la promotion des énergies fossiles et une perspective climatosceptique remettant en question le consensus scientifique sur le sujet.
Le Parti Républicain, soutenant Trump, avançait que la science n’a pas démontré que les activités humaines peuvent provoquer un changement permanent de la température terrestre, affirmant que les périodes de réchauffement climatique sont des phénomènes naturels déjà survenus par le passé. Cet argument peut toutefois être réfuté par des données factuelles : les États-Unis figurent parmi les principaux contributeurs au réchauffement climatique, émettant environ un quart des émissions mondiales de CO2. Les conséquences néfastes des activités humaines sur le climat sont unanimement reconnues par les communautés scientifiques, ce qui souligne l’urgence d’adopter des réglementations pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Le bilan environnemental de l’administration Trump est largement négatif. Le président républicain a abrogé 68 lois environnementales et s'est retiré des Accords de Paris le 4 novembre 2020, accords visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. Ce retrait a été largement critiqué à l’échelle internationale et a dû être annulé par son successeur, Joe Biden, en 2021.
Par ailleurs, l’administration Trump a pris des mesures significatives pour faciliter l’exploitation des énergies fossiles, en ouvrant davantage de terres publiques et de zones offshore à l’extraction de pétrole et de gaz. Parmi ces initiatives controversées figurent la mise en location de zones auparavant protégées et l’ouverture du “Arctic National Wildlife Refuge” à des forages pétroliers, ce qui a suscité une vive opposition en raison de l’impact environnemental de ces décisions.
Sur le plan environnemental, l’administration Trump s’est distinguée par une stratégie de démantèlement des normes environnementales établies sous la présidence de Barack Obama. En 2018, par exemple, elle a affaibli le Clean Water Act et proposé l'Affordable Energy Act, qui remplaçait le Clean Power Plan, ce dernier visant à réduire les émissions de carbone des centrales électriques. En 2019, l’administration a poursuivi son recul environnemental en annulant des réglementations comme l’Endangered Species Act, qui protégeait les espèces en danger, et en rétablissant des normes plus souples pour les centrales électriques à charbon et la consommation de carburant des automobiles.
Ces politiques environnementales ont coïncidé avec une aggravation des catastrophes naturelles aux États-Unis, notamment des incendies de forêt d’une ampleur historique. L'incendie de camp en Californie du Nord est ainsi devenu le plus meurtrier de l’histoire de l’État, illustrant tragiquement les conséquences de l’inaction climatique.
- Une véritable atteinte aux droits de l’homme:
L’atteinte aux droits humains et aux libertés individuelles sous le 1er mandat de Donald Trump concerne plusieurs questions cristallisant le débat public étatsunien en tant que “burning issues”, qui comprennent l’immigration, les droits des femmes, le droit à l’avortement, etc.
Concernant l’immigration, les idéaux définis par la poétesse américaine Emma Lazarus dans le poème “The New Colossus” représentent les États-Unis comme un refuge pour les immigrants, un véritable lieu de liberté et d’opportunités pour ceux qui fuient la misère, l’oppression et les persécutions, à travers l’image de la Statue de la Liberté. Cette dernière devient, en ce sens, un symbole d’accueil et de promesse saluant les immigrants. Cette approche idéaliste, pourtant fondatrice des États-Unis, est mise à mal par les politiques migratoires fortement restrictives de Trump, qui penchent du côté de l’exclusion et souhaitent transformer les États-Unis en une zone inhospitalière, rejetant la diversité culturelle.
Peu de temps après son arrivée au pouvoir, Trump a mis en avant un certain “Muslim Ban”, prévoyant une interdiction temporaire de voyage pour les citoyens de sept pays majoritairement musulmans, dont l’Iran, l’Irak, la Libye, la Somalie, la Syrie et le Yémen. Cette politique se radicalise davantage avec la “Zero Tolerance Policy” mise en œuvre en 2018, visant à poursuivre tous les individus franchissant illégalement les frontières américaines. En conséquence, de nombreuses familles ont été séparées, les parents étant détenus et poursuivis, tandis que leurs enfants étaient placés dans des installations séparées. Les migrations légales étaient aussi strictement encadrées avec la politique de “Remain in Mexico”, qui a contribué au durcissement des conditions d’obtention d’un visa ou d’un titre de séjour.
Pourtant, la mesure migratoire la plus radicale a certainement été les tentatives de Trump de mettre un terme à la politique de Deferred Action for Childhood Arrivals (DACA), qui offrait une protection contre l’expulsion et des permis de travail pour certaines personnes sans papiers amenées aux États-Unis. Cette initiative a laissé des milliers d’individus exposés au risque de déportation.
Toutes ces politiques migratoires se matérialisent par la construction d’un “second mur de la honte" après le mur de Berlin : celui de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, une promesse centrale de sa campagne. Bien que l'achèvement d'une barrière physique ait été limité durant sa présidence, des efforts ont été déployés pour renforcer la sécurité des frontières, y compris l'extension des barrières existantes et l'allocation de ressources pour leur construction. Ainsi, le nombre d’arrestations à la frontière mexicaine a connu une croissance considérable, atteignant en 2019 environ 900 000.
La politique migratoire trumpiste a aussi exacerbé les tensions raciales, notamment par ses propos haineux envers les pays africains, les qualifiant de “shithole countries” (“trous à rats”), et par son soutien inconditionnel à des groupes d’extrême droite racistes comme QAnon et les Proud Boys. Il est également possible d’évoquer le manque d’empathie et de compréhension de Trump au moment des décès de Breonna Taylor et de George Floyd, tous deux tués par la police américaine, ainsi que la montée en puissance du mouvement “Black Lives Matter” contre les bavures policières. Ce silence et ce manque d’intervention ont accentué la division entre les “Blue States” et les “Red States” concernant les mesures à prendre sur ce sujet.
Quant à l’avortement, c’est sans aucun doute le sujet qui polarise le plus le débat public américain. Le Parti républicain met en avant l’argument selon lequel la vie humaine commence à la conception, un embryon étant considéré comme un être humain vivant possédant des droits distincts de ceux de la mère, qui doivent être protégés. Cela les amène à qualifier l’avortement de meurtre.
L’une des actions majeures de la présidence de Donald Trump pour concrétiser cette approche a été la nomination à la Cour suprême des États-Unis de trois juges conservateurs (Neil Gorsuch, Brett Kavanaugh et Amy Coney Barrett), ce qui lui a permis d’assurer une majorité conservatrice au sein de la Cour, avec un ratio de six juges conservateurs contre trois progressistes à la fin de son premier mandat. La nomination de ces trois juges conservateurs, désireux de restreindre les libertés individuelles qu’ils ne considèrent pas comme légitimes, a ouvert la voie au renversement de l’arrêt historique Roe v. Wade de 1973, avec la décision Dobbs v. Jackson Women’s Health Organization.
Cette dernière a renvoyé la question de l’avortement aux législations des États, sachant que les “Red States” attendaient cette mesure avec impatience. L’une des lois les plus notables a été celle de l’Alabama en 2019, interdisant la plupart des avortements dans cet État. Trump a également opté pour des mesures visant à couper le financement des services liés à l’avortement. Il a même cherché à porter atteinte à la liberté des organisations humanitaires avec sa règle du “Mexico City Policy”, interdisant aux ONG internationales recevant des fonds fédéraux de fournir des informations sur l’avortement.
Ces mesures visant à interdire l’avortement constituent une véritable atteinte aux droits des femmes, mais elles reflètent aussi une tentative de Trump de se rapprocher d’un modèle de la famille traditionnelle qu’il idéalise, réduisant les femmes à leur seule fonction maternelle.
- En matière de la politique étrangère, des États-Unis plus isolés que jamais:
La politique extérieure de Trump était fortement déstabilisante pour les relations internationales, comme on l’a vu dans le bilan économique avec la guerre commerciale contre la Chine.
Il faut savoir que Trump déteste les organisations internationales et opte systématiquement pour des choix qui isolent les États-Unis de toute convention interétatique. La seule entité politique qui compte pour lui est l’État-nation, et il apprécie particulièrement les dirigeants autoritaires avec lesquels il trouve plus facilement un terrain d’entente pour conclure des accords.
Sa volonté isolationniste est visible à travers son intention de quitter l’OTAN et son opposition aux pays du G7 dans les prises de décisions concernant la gouvernance mondiale. On peut néanmoins affirmer que Trump préfère le bilatéralisme au multilatéralisme, comme en témoignent son rapprochement avec la Russie et la Corée du Nord.
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- Les nouveaux enjeux pour les citoyens américains
“Le premier mandat de Donald Trump en tant que président a inauguré des politiques et des actions marquées par le sectarisme, la xénophobie et la rhétorique suprémaciste blanche, et a conduit à de vastes violations des droits de l'homme” a affirmé Paul O’Brien, directeur exécutif d’Amnesty International USA.
Non seulement le retour de Trump au pouvoir est symbolique du patriarcat américain, mais il démontre également la victoire de la violence machiste. En effet, le républicain est accusé par pas moins de 25 femmes de violences sexistes et sexuelles. Par ailleurs, certains enregistrements montrent son mépris de la dignité féminine, comme la vidéo de 2005 évoquée plus haut. Durant son premier mandat, ses choix avaient permis d’annuler l’arrêt Roe v. Wade de 1973, qui protégeait le droit à l’avortement des femmes américaines en le constitutionnalisant, ce qui le rend valable dans l’entièreté des Etats américains. En l’abrogeant, Trump menace ce droit puisqu’il revient désormais aux Etats de décider si oui ou non ils autorisent l’interruption volontaire de grossesse.
Aujourd’hui, la moitié des Etats restreignent plus ou moins ce droit, avec une interdiction totale pour quatorze d’entre eux. Un nombre immense de femmes souffrent de cette proscription. Nous pouvons citer l’histoire d’Amanda Zurawski, Texanne, qui, après que les médecins de l’hôpital l’aient renvoyé chez elle, a subi des complications lors de sa dix-huitième semaine de grossesse qui auraient pu la tuer ; ou encore celle d’Hadley Duvall, Kentuckienne de douze ans, tombée enceinte des suites du viol de son beau-père. Or, le républicain a déclaré à l’antenne de la WABC-TV le 20 mars 2024 que, s’il devenait président, il prévoyait d’interdire l’avortement au niveau fédéral. Il se peut qu’il mette cette idée à bien par décret dans les cent premiers jours de son nouveau mandat.
Même quand Trump se veut féministe, affirmant le 30 octobre lors d’un rassemblement dans le Wisconsin protéger les femmes “qu’elles le veuillent ou non”, il arrive quand même à ridiculiser l’idée-même du consentement. La victoire de Trump est aussi celle des masculinistes radicaux, des hommes qui pensent pouvoir violer les femmes en toute impunité, de ceux qui affirment que la place des femmes est “à la cuisine, avec les enfants”. Une mode de la tradwife et de la famille traditionnelle mise en avant par le républicain et son ami Elon Musk, qui pourtant comptabilisent à eux deux dix-sept enfants de six femmes différentes… C’est avec terreur et rage que réagissent les femmes après la vidéo de Nick Fuentes, influenceur masculiniste, qui pour fêter la victoire républicaine affirme : “Eh, s*lopes ! Nous contrôlons votre corps ! Votre corps, notre choix.” (Traduction de : “Hey, b*tch! We control your bodies! Your body, our choice”).
Le danger de Trump pour les femmes a finalement très bien été résumé dans un tweet d’Elon Musk quelques heures avant l’élection : “La cavalerie est arrivée. Les hommes votent en nombre record.” (Traduction de : “The cavalry has arrived. Men are voting in record numbers.”) Et pourtant, 44% des femmes ont voté pour le Républicain, soit une proportion plus élevée qu’en 2016. Pourquoi voter contre ses propres droits ? se demandera-t-on. Serait-ce par peur ou par fidélité envers leur mari, comme l’indique un spot publicitaire mettant en scène la voix de Julia Roberts indiquant que ce qu’il se passe dans l’urne reste dans l’urne ? Une autre théorie serait que les Américaines ont voté selon leurs priorités, qui apparemment n’inclut pas leurs propres droits fondamentaux. L’élection de Trump à la Maison Blanche est également une véritable allégorie de ses dérives tendant à assujettir les femmes voire même les fétichiser.
Mais les femmes ne sont pas les seules victimes de la nouvelle ère trumpiste : il s’agit également d’un cauchemar pour les droits des LGBTQIA+, en particulier pour les personnes transgenres. La fille-même d’Elon Musk, Vivian, transgenre, née Xavier Musk, se pose la question de quitter le pays après l’élection de Trump. Parmi ses propositions figurent l’interdiction fédérale des soins de santé affirmant le genre pour les mineurs – son vice-président J.D. Vance a déjà proposé quelques lois punissant les médecins soignant les jeunes trans –, une redéfinition du genre qui exclurait les personnes trans, et l’extension des lois “Don’t Say Gay” pour interdire toute discussion sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre à l’école. Il souhaiterait également exclure les athlètes transgenres pour soi-disant “protéger les sports féminins”.
Cette inquiétude est d’autant plus grande qu’est paru en 2023 le “Project 2025”, une initiative politique du think tank The Heritage Foundation qui promeut des politiques conservatrices et d’extrême-droite pour réformer le gouvernement et consolider le pouvoir exécutif après l’investiture de Donald Trump en 2025. Bien que ce dernier ait affirmé qu’il ne comptait pas le mettre en pratique, ce document de 900 pages reste fortement inquiétant. En effet, il promeut un modèle familial traditionnel, conforme à la Bible, qui va à l’encontre des unions de même sexe et des droits des personnes transgenres. L’une de ses priorités est d’éradiquer la communauté LGBT de la vie publique via des propos diffamants, par exemple en liant la pornographie et la propagation de l’idéologie trangenre et de la sexualisation des enfants.
Une dernière minorité est mise en danger par l’élection de Donald Trump : les migrants, sur lesquels le républicain veut mener “la plus grande opération d’expulsions de l’histoire”. Juridiquement, il pourrait s’appuyer sur une loi de 1798, l’Alien Enemies Act, qui s’applique aux ressortissants de pays en guerre avec les États-Unis. L’immigration illégale serait alors assimilée à une invasion. Cette loi autoriserait les militaires à intervenir sur une population de civils. Sa hâte est illustrée par la nomination de Tom Homan comme responsable des frontières seulement cinq jours après la parution des résultats, qui n’a pas besoin de la confirmation du Sénat pour occuper ce poste, rattaché à l’exécutif.
On estime à environ douze millions le nombre de clandestins aux Etats-Unis, qui contribuent massivement à l’économie du pays. Donald Trump a véhiculé la fausse information qu’ils étaient entrés durant la présidence de Biden, or ces chiffres ont été comptabilisés sur plusieurs décennies, dont sa propre présidence. Par ailleurs, le nouveau président souhaiterait empêcher les agences fédérales d'accorder automatiquement la citoyenneté américaine aux enfants d'étrangers en situation irrégulière, ce qui constituerait une révision du droit du sol contraire au 14e amendement de la Constitution américaine : “Toute personne née [...] aux États-Unis, et soumise à leur juridiction, est citoyen des États-Unis et de l’État dans lequel elle réside”. Une xénophobie qui s’affirme donc dans ses promesses et sa priorité numéro 1.
Les nouveaux enjeux inquiétants liés à l’élection de Trump en tant que 47e Président des États-Unis se manifestent également à travers ses choix de ministres. Le choix officiel d’Elon Musk à la tête du nouveau ministère D.O.G.E., acronyme de “Department of Government Efficiency”, est particulièrement redoutable. Il soulève des inquiétudes quant à la pertinence de confier une telle fonction à un homme qui souhaite implanter des puces électroniques dans le cerveau des gens avec sa start-up Neuralink, dans le cadre d’une idéologie transhumaniste. Ce ministère, dont l’objectif est de “démanteler la bureaucratie gouvernementale, sabrer les réglementations excessives et réduire les dépenses inutiles”, s’inscrit dans une logique fortement libertarienne.
Un autre choix ministériel préoccupant est la nomination de Robert Kennedy Jr. comme ministre de la Santé par Trump. Il convient de souligner que Robert Kennedy Jr., le neveu de John F. Kennedy, est une figure connue pour avoir véhiculé de nombreuses fausses informations et pour ses propos complotistes, notamment ses positions anti-vaccins. Parmi ses affirmations les plus controversées figure l’idée selon laquelle la vaccination des enfants serait liée au développement de l’autisme.
- Les nouveaux enjeux pour le monde
Alors que la COP29 s’est ouverte ce 11 novembre, quelques jours seulement après l’élection de Trump, nous ne pouvons nous empêcher de nous inquiéter. Donald Trump est effectivement un climatosceptique assumé. Malgré les désastres climatiques qui s’accumulent, comme les ouragans en Floride en septembre et octobre derniers, il continue de qualifier le réchauffement climatique de “canular”. Il va même jusqu’à se réjouir de la montée du niveau des mers, dû je le rappelle à la fonte des glaces notamment aux pôles, car cela fera “davantage de propriétés en bord de mer”. Cela fait d’autant plus peur que les Etats-Unis sont le premier pollueur historique et premier producteur de pétrole, second émetteur mondial de gaz à effet de serre – bref, de quoi se poser de sérieuses questions sur l’avenir climatique.
Comme nous l’avons rappelé ci-dessus, le républicain avait abrogé lors de son premier mandat près de cent normes environnementales issues de la présidence de Barack Obama, et avait fait sortir les Etats-Unis des accords de Paris. Et encore une fois, Donald Trump entend rendre caduc certaines normes instaurées par le démocrate l’ayant précédé. Il escompte notamment revenir sur l’Inflation Reduction Act (IRA), plus vaste programme en faveur du climat de l’histoire du pays, en mettant fin aux projets d’énergie éolienne, au crédit d’impôt de 7500 dollars pour les industries automobiles transitionnant vers les véhicules électriques, et aux limites sur les émissions des centrales thermiques et de méthane.
Aujourd’hui, non seulement Donald Trump cherche de nouveau à sortir des accords de Paris, mais en plus de cela, il désire mettre en place une politique qui va à l’encontre des engagements pris l’année dernière lors de la COP28 pour une sortie des énergies fossiles : il souhaite relancer la production de gaz et de pétrole en masse et continuer de brûler du charbon. Il pourrait même aller plus loin, en faisant sortir les Etats-Unis de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, empêchant ainsi leur participation à toute négociation sur le climat.
Mais la présidence de Trump implique également un danger en matière de politique étrangère. Quatre grands points sont à évoquer : la guerre entre Israël et Gaza, la guerre entre l’Ukraine et la Russie, les enjeux pour la continuité de l’OTAN et de l’ONU et, enfin, la guerre commerciale avec la Chine.
Les Palestiniens ont fortement à craindre du nouveau mandat de Donald Trump. Alors que Joe Biden jouait à l’hypocrite, appelant à un cessez-le-feu tout en fournissant des armes indispensables à Israël, Trump, lui, souhaite explicitement “revenir à la paix” dans la région en passant par l’avantage exclusif des Israéliens et de leur premier ministre, Benyamin Nétanyahou, avec qui il a repris contact en juillet dernier. Il n’est intéressé ni par l’Autorité palestinienne, ni par un dialogue avec Mahmoud Abbas, président de l’Etat de Palestine, malgré que ce dernier se soit empressé d’affirmer son aspiration à travailler avec Donald Trump pour la paix et la sécurité dans la région après son élection.
Cette relation entre les deux Etats se situe de la sorte depuis 2018, lorsque Washington a décidé de supprimer sa contribution à l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) ainsi que son aide de 200 millions de dollars par an à l’Autorité Palestinienne, de transférer son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem et, finalement, de présenter un “plan de paix” légalisant les colonies juives de Cisjordanie et maintenant Jérusalem sous l’égide d’Israël. Deux ans plus tard, le parrainage des accords d’Abraham par Donald Trump, permettant de normaliser les relations entre les Emirats Arabes Unis, Bahreïn et Israël, ont été une claque supplémentaire.
Aujourd’hui, la Palestine et ses soutiens peuvent redouter l’annexion de la Cisjordanie, occupée depuis 1967 par l’armée israélienne, anéantissant les espoirs de voir un jour un État palestinien uni. La direction palestinienne mise aujourd’hui sur l’Arabie saoudite, dont le prince héritier a assuré être attaché à l’établissement d’un Etat palestinien. Cependant, les Saoudiens aussi devront s’adapter aux décisions de Donald Trump, qui vont changer la donne dans l’entièreté du Moyen-Orient. Alors, à quoi s’attendre ? Tout au moins, à ce que le président élu mette en place son “plan de paix”.
Un peu plus au nord, la Russie et l’Ukraine livrent toujours leur guerre depuis février 2022. Et cette victoire trumpiste a plongé l’Etat envahi dans l’inconnu. Car à part affirmer qu’il mettrait fin à la guerre “en moins de 24h”, Trump ne s’est pas trop étalé sur le sujet. Cependant, on peut affirmer une rupture avec la politique mise en œuvre par son prédécesseur, qu’il n’a cessé de critiquer. Sur X, Volodymyr Zelensky a félicité dès le lendemain de son élection son homologue américain pour son “impressionnante victoire”. Cependant, il faut noter que Trump et Vladimir Poutine, chef d’Etat russe, ont de très bonnes relations que le nouveau président vante d’ailleurs souvent.
C’est avec lui qu’il voudrait négocier un accord, alors qu’il accuse Zelensky de manquer de volonté à terminer cette guerre. La crainte est donc la suivante : en se précipitant pour trouver une issue, la probabilité que cela se fasse avec des concessions territoriales en faveur de la Russie et un abandon de la demande ukrainienne d’admission à l’OTAN est forte. L’espoir que l’on peut garder, c’est que Donald Trump reste une personnalité très influençable sous la pression de ses conseillers ou de l’opinion publique.
Cette guerre aura probablement des répercussions sur l’Europe, et la menace de désengagement que fait planer Trump sur l’OTAN accentue les inquiétudes. Le nouveau président souhaite en effet que chaque Etat membre de l’Alliance contribue à hauteur de 2% de leur PIB aux dépenses de défense, ce qu’ils sont censés faire depuis 2023 – si ces conditions ne sont pas remplies, il fait chanter sa protection en cas d’attaque. Or, huit pays n’ont pas encore pu atteindre ce seuil plancher, et beaucoup l’atteignent à peine (c’est le cas par exemple de la France).
Pourtant, suite à ce défi lancé par le républicain, le débat monte chez certains alliés sur la nécessité de pousser les dépenses à hauteur de 3% de leur PIB. Il est vrai que l’article 5 stipule que “si un pays de l'OTAN est victime d'une attaque armée, chaque membre de l'Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l'ensemble des membres et prendra les mesures qu'il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué”. Mais cet article oblige seulement à faire de son mieux pour défendre le pays attaqué, d’où le danger de cette déclaration de manque de volonté de la part de Trump.
Cependant, aujourd’hui, un retrait des troupes américaines déployées en Europe n’est pas privilégié. En effet, depuis l’annexion de la Crimée en 2014, le nombre de soldats est passé de 60 000 à 90 000. Par ailleurs, la Maison Blanche a également investi dans de nouveaux sites militaires, notamment dans les pays de l’est. Il convient tout de même aux Européens, au lendemain de l’élection de Donald Trump, de construire leur propre défense, d’assurer leur propre sécurité et de bâtir leur propre puissance, s’ils ne veulent pas se retrouver coincés dans les négociations entre les Etats-Unis et la Russie comme l’a été la Tchécoslovaquie en 1938 lors des Accords de Munich – et on sait tous comment cela s’est finit pour elle.
L’OTAN n’est pas la seule organisation internationale qui souffrira probablement de l’élection de Trump. En choisissant Elise Stefanik comme ambassadrice américaine auprès des Nations unies (ONU), il confirme sa détestation des enceintes multilatérales, l’élue de New York à la Chambre des représentants étant une critique féroce de l’ONU. Les appréhensions, ici aussi, se lèvent : les Etats-Unis vont-ils décider de couper les fonds, alors qu’ils sont le plus grand contributeur avec 27% du budget des opérations de maintien de paix ? Vont-ils se retirer des décisions et accords multilatéraux clés ? L’enjeu est d’autant plus sérieux que cette fois, Trump dispose au Congrès d’une majorité républicaine beaucoup plus alignée sur ses idées. Et les Etats-Unis qui se retirent, c’est une porte ouverte pour la Chine, qui renforce son influence sur la scène diplomatique internationale, et qui pourrait alors se présenter comme le premier défenseur du multilatéralisme.
Or, Trump n’en a pas fini avec sa guerre commerciale à l’encontre de cette puissance. Il avait promis, s’il était élu, d’augmenter les droits de douanes sur l’importation de certains produits de 60% pour ceux provenant de la Chine, contre de 10% à 20% pour les autres. Par ailleurs, ces tensions avec la Chine ont favorisé la production notamment automobile au Mexique, raison pour laquelle Trump veut forcer la relocalisation des industries aux États-Unis. Sous cette condition, il garantit “les impôts et les coûts énergétiques les plus bas, la charge réglementaire la plus faible et un accès gratuit au meilleur et au plus grand marché de la planète.” Ainsi, le renouveau de la guerre commerciale sino-américaine interviendrait dans un moment critique pour la Chine, dont l’économie est ralentie par une grave crise immobilière. C’est pourquoi la Chine demande une coopération, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois Mao Ning affirmant “qu'il n'y aurait pas de gagnants dans une guerre commerciale”.
Le monde est donc dans l’attente face à la menace imprévisible qu’est Donald Trump.
Margot Walter & Tan Safali
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