Six hommes en colère

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Six hommes, une mission : sauver la République
Dans le chaos provoqué par la dissolution, six intrépides champions tentent de surmonter les obstacles. Leur unique boussole ? L’intérêt supérieur de la nation. Experts en volte-face, stratèges hors-pair et maîtres dans l’art de la contradiction, ces glorieux défenseurs de la démocratie se jettent dans l’arène avec une énergie débordante. Dans cette épopée moderne, les intentions les plus nobles mènent parfois la République sur des chemins… inattendus.
Découvrez le premier épisode de cette chronique: Gérald Darmanin, le trublion de la Macronie
Episode 1: Gérald Darmanin, le trublion de la Macronie
Gérald Darmanin est furieux. En ce 21 septembre 2024, la composition du gouvernement Barnier est annoncée, et son nom n’y figure pas. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire convoitait pourtant les Affaires Etrangères, histoire d’étoffer son CV après 4 ans à Beauvau, et 3 ans aux Comptes Publics. Gérald a bien en tête les mots de son parrain politique, Nicolas Sarkozy : “c'est la règle de la vie que de vouloir élargir son horizon!” Malgré toute sa bonne volonté, le député du Nord n’a pas été reconduit au gouvernement, et le voici gagné par le doute. Comment continuer à exister, à 3 ans de la Présidentielle qu’il a cochée?
Pour ne rien arranger, le désormais ex-ministre de l’Intérieur s’est fait gentiment rabrouer par son successeur, Bruno Retailleau lors de la passation de pouvoir. “Gérald Darmanin n’a pas pu tout bien faire”, déclarait au 20h de TF1 le contempteur de l’Etat de Droit.
Ce “moment Retailleau” est vraiment malvenu pour Gérald, lui qui entendait incarner la droite dure sur la sécurité et le régalien se retrouve dépassé par plus dur que lui. D’autant que Gabriel Attal lui a ravi la présidence du groupe EPR (Ensemble pour la République) à l’Assemblée Nationale.
“C’est vraiment pas mon année!” bougonne Gérald. La dissolution, qu’il a soufflée au Président, devait sonner pour lui l’heure de l’émancipation, une libération après 7 ans de bons et loyaux services. Mais, sans portefeuille ministériel ni présidence de groupe parlementaire, le voilà condamné à des coups de comm pour ne pas tomber dans l’oubli, et ainsi rester dans la course à 2027. Volontaire, il s’y colle très vite en annonçant qu’il n'hésitera pas à voter contre un budget qui augmenterait les impôts, alors même que le budget, l’économie et les finances restent sous pavillon macroniste dans le gouvernement Barnier. Élément perturbateur, Gérald? Pas le moins du monde, il est simplement fidèle au programme d’Ensemble, qui exclut toute hausse des taxes. La fidélité, voilà ce qui manque au personnel politique actuel ! Gérald Darmanin, lui, n’a jamais trahi, et surtout pas sa propre parole.
Quand, le 3 juillet, le futur ex-ministre annonçait vouloir se consacrer pleinement à son rôle de député après les législatives, ce n’était pas complètement insincère. Il n’avait juste pas anticipé l’ardeur avec laquelle le Président Macron s’accrocherait à son pouvoir malgré les échecs électoraux, ce qui permettrait à ses fidèles de briguer une reconduction ministérielle inespérée.
En effet, une petite précision s’impose. Les 30 et 7 juillet, les Français ont voté massivement contre la continuation de la politique macroniste. Si aucune majorité forte ne se dégage, la défaite de l’ex-majorité présidentielle ne fait aucun doute. Gérald Darmanin le concède lui-même sur France Inter le 30 septembre: “Le Président a consulté les Français et les Français ne voulaient plus de nous. On ne peut pas gouverner sans le peuple”. Dans la même interview, il regrette sa non-nomination au quai d’Orsay. Après tout, il vaut mieux être ministre illégitime que simple député. Toujours saisir l’occasion qui se présente, le mantra de son gourou Sarkozy. Gérald connaît ses classiques, ce doit être son côté bon élève.
Après avoir lancé son propre mouvement Populaires!, le 29 septembre, le député Darmanin cherche toujours un poste à la hauteur de ses ambitions. Il ne le dit pas tout haut, mais pense très fort qu’une censure rapide de Michel Barnier pourrait rebattre les cartes, surtout si le Président s’entête à gouverner à droite. Si on lui proposait un ministère à sa convenance, il n’hésiterait pas à reprendre du service, pour faire profiter le pays de son énergie dans ces moments difficiles, et aussi, un tout petit peu, pour se replacer en vue de l’échéance suprême. Et pourquoi pas la Justice, histoire de ne pas laisser l’encombrant Retailleau dans la lumière? Depuis que le gouvernement n’a plus vocation à représenter les aspirations des Français, tous les scénarios sont envisageables.
Rémi Kouevi
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