Quel naratif dresser sur le conflit israélo-palestinien, qui pourrait servir aux deux parties ?
Pour dresser un narratif commun qui servirait aux deux parties, il faudrait tout d’abord prendre en compte toutes les peines et souffrances qu’ont subies les deux peuples, israéliens et palestiniens depuis le début du conflit.
En reconnaissant les souffrances, nous pouvons déjà construire un narratif plus historiquement correct et précis, et poser les bases d’un dialogue plus ouvert et tolérant. Ainsi, il faut que d’une part la partie israélienne reconnaisse les souffrances et les douleurs subies par les Palestiniens, mais ceux-ci doivent aussi reconnaître celles des Israéliens. Il est donc impératif que les deux parties reconnaissent conjointement et unanimement les souffrances liées à la Shoah, et le traumatisme qui en découle qui nécessite la création d’un État refuge pour les juifs. Mais les deux doivent aussi se mettre d’accord sur le traumatisme de la Nakba en 1948, et reconnaître l’injustice subie par beaucoup de ces populations. Ainsi qu’après la guerre des Six Jours de 1967, et un début des restrictions et de la colonisation en Cisjordanie qui ancre encore plus les Palestiniens dans une dynamique de survie sous une occupation et une sensation de ne jamais pouvoir avoir leur propre État.
Ensuite il faudrait ajouter dans ce narratif commun une reconnaissance des conséquences qu’ont sur chaque population la violation des droits humains. D’une part la violation des droits humains des Palestiniens à cause du blocus sur la bande de Gaza, mais aussi la violation des droits humains des Juifs à la suite des attentats terroristes menés sur des civils sur le sol israélien. Si une reconnaissance de la part des deux parties est faite sur ces deux souffrances, alors il sera plus facile de se mettre d’accord et de continuer à construire un narratif commun qui convienne à tout le monde.
Toujours sur la reconnaissance de la situation d’autrui, il faudrait que les deux acceptent qu’ils ont des revendications légitimes, certaines le sont moins, mais reconnaître au moins que par exemple Israël a une certaine mémoire de vulnérabilité historique dans le sens où à cause d’une disrimination continue et de l’antisémitisme latent depuis deux millénaires, qui implique la nécessité d’assurer la sécurité de l’État et de ses frontières. Mais surtout reconnaître l’existence de l’État d’Israël et de son droit à exister de la part des partis/groupes armés régnant sur les territoires palestiniens et les voisins arabes permettrait d’avancer dans les négociations. Mais donc cela impliquerait aussi d’avoir un narratif où l’on reconnaît le droit des Palestiniens de constituer une nation et par conséquent d'avoir un État.
Pour soutenir cela, il faudrait également que les historiens israéliens et palestiniens travaillent ensemble pour mettre en place un récit historique de la terre de Palestine avant le début du conflit, mais aussi pendant celui-ci. Ainsi, il faut admettre que les deux peuples ont désormais une histoire commune, qu'ils ne pourront plus détacher et ainsi oeuvrer vers
un narratif acceptable et accepté par les deux.
Il faut dans ce sens-là aussi que les deux peuples reconnaissent l’existence de leurs peuples respectifs, puisque du moment où l’on ne reconnaît pas l’existence du peuple palestinien, ou du peuple juif, il sera compliqué d’avancer main dans la main et que les deux parties se reconnaissent. C’est cette condition que devront respecter les dirigeants politiques, et un narratif où l’on reconnaît l’existence des deux peuples. Enfin il semblerait important pour les deux camps d’oeuvrer pour une condamnation de tout type de violence, physique, morale ou symbolique, et peut-être si les circonstances le rendent possible un arrêt de la dynamique trop utilisée de la violence légitime, qui au final, peu importe le camp qui engage les hostilités, finit par dégénérer et les conséquences retombent sur les civils.
Vassili Senegas
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