Qui pour arrêter Israël ?

francetvinfo
Mardi 1er octobre, midi heure locale, les 800 habitants d’Ain Ebel découvrent avec effroi leur place sur une liste de localité dont les habitants sont exhortés à se réfugier au Nord du Liban, rejoignant ainsi le million de déplacés depuis les premières frappes.
Il y a presque un an jour pour jour, les gazaouis étaient intimés du même ordre face aux représailles israéliennes. Car depuis bientôt un an, Tsahal ravive les braises d’un conflit oriental jamais apaisé, dont les tenants et aboutissants sont plus que jamais plongés dans l’incertitude.
Cette guerre prolongée tient aussi au fait qu’ Israël ne voit personne se dresser devant ses massacres répétés, puisque les discours pacifiques de la sphère occidental n’ont aucune valeur contraignante (à dessein).
En effet, Israël, pied à terre occidental au Moyen Orient , est quasiment intouchable d’un point de vue de la géopolitique americano-européene.
Mais si le frein ne vient pas de derrière, Netanyahu risque de foncer dans le mur oriental, et ce, plus tôt que prévu.
Appliquant les principes de guerre préventive contre le Hezbollah, Tsahal a profité de sa brèche ouverte par les talki-walkies, pour pénétrer le territoire libanais. Une invasion terrestre sous tendue par des assassinats ciblés de cadres du Hezbollah : l’armée la plus morale du monde continue inexorablement à semer le désordre au moyen orient.
Cette brèche, exploitée de manière ingénieuse, décapite le Hezbollah et enterre son avenir proche avec la mort de son leader charismatique adulé par ses fidèles. Ce même leader impliqué dans l’explosion de Beyrouth et dans la mort d’une quarantaine de soldats français, ne sera, en lui-même, aucunement pleuré en France.
Mais sentant ses intérêts menacés, la république théocratique d’iran change de ton, et frappe de manière directe et revendiquée le territoire israélien.
Israël pourrait dès lors se retrouver dans l’impasse : une politique répressive à Gaza nécessitant une forte concentration de troupes, la colonisation en cis jordanie requérant une surveillance importante, l’expansion territoriale au Liban pour anéantir le Hezbollah, et potentiellement empêcher sa reconstruction : les forces en présence se retrouvent largement éparpillées.
Mais surtout, si Israël prend le risque de frapper les installations nucléaires iraniennes, la région implosera au moment même où les premières explosions se feront retentir.
Paix proche ?
Même si le G7 annonçait ce mercredi qu’une paix était encore possible, la situation exclue toute négociation pacifique ; et si paix il y a, elle sera coréenne (donc et inassurée.
Mais le scénario le plus probable est un embrasement relatif de la situation : une réaction iranienne, certes, mais mesurée. L’Iran ne voudra jamais aller plus loin que ses intérêts (et ne le pourrait pas), là où Israël n’a désormais plus de limite. D’autant plus que toutes les frappes sur le territoire israélien seront défendues par le monde occidental, et que la capacité militaire iranienne reste encore très limitée.
S’il semble impossible pour Israël de mener conjointement toutes ses opérations militaires ainsi que des bombardements en Iran, rien ne les empêche d’avoir recours à des bombardements stratégiques sur des raffineries par exemple, pour atteindre durement l’économie iranienne.
Car l’Iran, aussi puissant peut-il paraître, possède d’énormes lacunes militaires : aucune aviation moderne, et surtout, aucun système de défense anti aérien viable. En clair, une attaque trop prononcée contre Israël les rend extrêmement vulnérables vis-à -vis d’une potentielle riposte aérienne.
Mais le soutien Américain d'Israël n’est pas inconditionnel, et si les troupes de Biden ont pu déjouer quelques missiles depuis leurs bateaux, et contribueront toujours à la survie du dôme de fer et à sa bonne application, les États unis se montreront beaucoup plus pragmatiques à l’égard d’une nouvelle offensive terrestre.
Mais face à une coopération occidentale qui assurera toujours la défense d’Israel, de sorte que sa seule problématique est de gérer ses offensives multiples, les pays arabes seront-ils capables de s’entendre pour assumer conjointement une riposte efficace contre Tsahal? La réponse évidente est non, et pose un véritable frein à la cessation des conflits armés dans la région.
La palestine ne pourra compter ni sur ses alliés arabes, ni sur les occidentaux pour venir à son secours. Si le conflit au Liban prend toute la lumière médiatique, alors l’avenir de la Palestine est réellement incertain dans un futur proche, et la responsabilité des occidentaux n’aura jamais été aussi forte.
Israël stabilisera ses colonies à Cisjordanie, en implantera à Gaza, contrôlera une partie du Liban pendant une période donnée sous prétexte d’empêcher la reconstitution du Hezbollah (quid d’une potentielle alliance avec l’armée libanaise ?)
Mais où s’arrêteront-ils ? Qui osera se dresser devant Netanyahu et lui dire stop ?
Eliot Senegas
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