Le Nevada, un Swing State sur lequel il ne vaut mieux pas miser

 

 

Le Nevada, un État formant partie des États-Unis connu pour ses montagnes et ses paysages désertiques, mais surtout sa ville la plus peuplée: Las Vegas. Le “Silver State” qui est plutôt devenu aujourd’hui le foyer américain des jeux et des casinos à gogo, est un de ces États que l’on appelle “Swing States” (État pivot).


Aujourd’hui, Orasi revient sur cet État crucial pour les deux candidats à l’élection présidentielle de la plus grande puissance du monde.

 

I. Histoire électorale du Nevada


L’histoire électorale du Nevada est particulièrement intéressante. Tout d’abord le camp victorieux au Nevada l’a toujours été au niveau national depuis l’élection de Reagan en 1980, sauf en 2016 lorsque l’État avait donné la victoire à Hillary Clinton à 2 points de pourcentage près.


Mais c’est aussi un État où les élections sont extrêmement serrées, et ce surtout depuis les élections de 2000 (Gore v Bush). Le camp républicain ou le camp démocrate ne remportent depuis les 6 Grands Électeurs du Nevada qu’à quelques milliers de voix près. Ce qui est atypique même au sein des “Swing States”. La dernière élection en date en est témoin, puisque Joe Biden n’y a été choisi qu’à 50,1% des voix.


Le Nevada et ses 6 grands électeurs sont ainsi particulièrement convoités par les deux candidats aux élections de cette année, Kamala Harris et Donald Trump.

 

Ainsi, si cet État a historiquement plutôt privilégié les candidats républicains, ce sont les démocrates qui l’ont à chaque fois remporté depuis l’élection de Barack Obama en 2008. Mais c’est une série de victoires très fragile pour le camp démocrate, étant donné que le reste des élections sont toujours très partagées.

 

Par exemple, le gouverneur de l’État du Nevada a toujours été un républicain depuis 1998, sauf de 2018 à 2022. De plus, au Sénat, ce n’est que depuis 2018 que l’État est représenté par un Démocrate, puisque depuis 2000, ce fut toujours un Républicain qui occupa cette place.

 

Si les Démocrates ont l’ascendant sur les représentants du Nevada au Congrès, ces résultats nous montrent le clivage indéniable dans cet État où la jeunesse et les électeurs issus de l’immigration sont de plus en plus présents.

 

II. Mais pourquoi le Nevada est-il un Swing State ?

 

Le Nevada est un Swing State avant puisque les électeurs n’ont pas un ancrage fort envers un parti ou un autre, leurs principales préoccupations étant l’état de l'économie, le chômage et l’immigration.

 

En effet le Nevada est un État très particulier, avec une des populations les plus jeunes des États-Unis, un des taux chômage les plus élevés du pays, une population très transitoire et composée à 30% de personnes d’origine latino-américaine.

 

Ainsi, lorsqu’une crise économique touche le pays pendant le mandat d’un candidat républicain, tel que George Bush pendant la crise des subprimes, alors ils vont considérer qu’il faut un changement de parti politique pour redresser le pays et retrouver de l’emploi.

 

Pareil pour le COVID, puisque le Nevada fut un des États les plus touchés par la crise économique qui suivit la crise sanitaire, son économie étant très fragile, ce qui pourrait expliquer une hostilité envers Trump et le vote pour Joe Biden en 2020.

 

Mais c’est aussi la communauté latino-américaine qui peut être déterminante pour la victoire d’un candidat ou un autre. C’est pourquoi Trump comme Harris ont proposé plusieurs mesures bénéficiant directement ou indirectement la communauté “latino”.

 

Aujourd’hui, selon le Times, plus de 60% de la population désapprouve la politique de Joe Biden, le jugeant coupable de l’actuelle inflation subie par tous les étasuniens mais particulièrement les habitants du Nevada.

 

III. Comment l’emporter ?

 

Comment comptent Kamala Harris et Donald Trump l’emporter ?

 

Nous avons vu que les candidats doivent viser plusieurs facteurs lors de leurs campagnes respectives au Nevada

 

D’une part Kamala Harris vise les personnes en situation de pauvreté (qui sont nombreuses au Nevada) en prônant une politique similaire à celle du président actuel, Joe Biden, puisqu’elle propose de taxer plus sévèrement les plus grosses fortunes et entreprises, et promet de mener une certaine politique de redistribution. Elle a aussi essayé de convaincre la communauté latino-américaine de voter pour elle, en mettant en avant des mesures pour combattre la pauvreté et développer l’économie de Puerto Rico, obtenant même le soutien de Bad Bunny et d’autres personnalités porto-ricaines très appréciées dans la communauté hispanophone. Elle prône en plus une politique migratoire plus allégée que Donald Trump, ce qui peut convaincre les premières générations de migrants de voter pour elle, et notamment les étasuniens d’origine latino-américaine au Nevada.

 

D’autre part Donald Trump prône dans ses discours visant les électeurs du Nevada, une politique économique très libérale et tournée vers une levée d’impôts dans beaucoup de secteurs. Devant jongler entre ses commentaires provocateurs et ouvertement racistes particulièrement envers la communauté latino-américiane dans ses discours anti-immigration - et son besoin de récupérer le vote des latinos, il a par exemple proposé d’exonérer les pourboires d’impôts, et ce en Espagnol au cours d’un meeting à Las Vegas: “No Impuestos En Propinas” (Pas d'impôts sur les pourboires) (beaucoup de latinos étant propriétaires de petits commerces/restaurants qui reposent sur ces pourboires). Il insiste également dans ses discours sur sa volonté de mener une politique économique beaucoup plus protectionniste, voulant “rendre les emplois des Américains aux Américains”, ce qui peut parler notamment à la jeunesse du Nevada, qui souffre grandement du chômage depuis la crise du COVID-19.

 

Ce qui réunit les camps démocrate et républicain c’est que tous deux misent une grande partie de leurs votes sur la population de Las Vegas et son aire urbaine qui représentent la moitié de la population du Nevada, même si Trump dispose d’un ascendant sur les zones rurales (conservatrices) de l’État par rapport à Kamala.

 

IV. Les pronostics


Les différents sondages menés par Morning Consult, CNN, AtlasIntel... pour pronostiquer les résultats de l’élection au Nevada tournent tous autour des mêmes chiffres pour chaque candidat. En effet chaque jour, un nouveau vainqueur est donné, mais si ce caractérise ces sondages c’est qu’à chaque fois, le vainqueur ne le devient qu’à un point de pourcentage près. Même si nous pourrions prévoir une baisse de votants pour Trump suite aux commentaires proférés. 


Ainsi, les sondages ne varient pas tellement et les candidats conservent à peu près les mêmes pourcentages de voix récoltées, la seule composante qui change étant le nombre de votants totaux pour les des deux camps, montrant une mobilisation exceptionnelle des votants du Nevada à venir pour cette élection présidentielle des États-Unis d’Amérique qui plus que jamais est décisive pour le pays mais pour l’équilibre de la scène internationale et le destin des guerres en cours (en Ukraine, à Gaza, au Liban...)


Si Kamala disait lors d’un meeting à Las Vegas qu’il faut aller voter et y aller “All In” (faire tapis) pour qu’elle puisse gagner, n’essayez pas de parier sur le résultat de cette élection particulièrement imprévisible au Nevada, vous risqueriez de perdre gros.

 

Vassili Senegas